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Des us et des traditions qui se perdent: Les ménages optent de plus en plus pour les gâteaux sur commande 

par Rachid Boutlelis

  Les gâteaux traditionnels, douceurs rituelles préparées avec amour à la maison par nos grands-mères, selon les us et les coutumes, à la veille de la fête célébrant la fin du carême, ne sont plus en vogue malheureusement aujourd'hui chez nombre de foyers.

La tendance se penche plutôt vers l'achat de gâteaux chez les pâtisseries et autres établissements reconvertis dans ce genre d'activité pour la circonstance. A Aïn El Turck, ces commerces, qui ont spontanément foisonné comme des champignons, sont pris d'assaut depuis la fin de semaine par les responsables de familles, ayant d'ores et déjà sollicité des commandes. Cet engouement trouve son argument à travers le fait que nombre de mères de famille ne sont pas en mesure de préparer les gâteaux, car tributaires des engagements vis-à-vis de leurs employeurs où tout simplement ne réussissent pas parfaitement les recettes de nos grands-mères. Rituel incontournable, synonyme de célébration de la fin du Ramadhan, les gâteaux traditionnels préparés dans les foyers semblent vraisemblablement avoir disparu au fil du temps chez beaucoup de familles et ce, pour céder leurs places aux pâtisseries occidentales et orientales. En effet, la pâtisserie traditionnelle, en forme de losange, préparée à base de semoule et enrobée de dattes et/ou d'arachides, communément appelée «makroud» ou encore le «cigare» préparé presque avec les mêmes ingrédients entre autres sucreries, prisés sur les tables garnies du matin de l'Aïd, a été malheureusement détrônée par les éclairs au chocolat et les tartelettes à la crème Chantilly pour ne citer que ceux-là.

«Nous avons hélas perdu nos repères. Dans le temps, nos narines étaient agréablement taquinées par les relents de gâteaux que préparaient nos mères la veille de l'aïd. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, car beaucoup de familles préfèrent en acheter chez le pâtissier du coin pour diverses raisons» a soupiré avec amertume une sexagénaire de la localité de Bouisseville, qui effectuait ses achats en ingrédients, nécessaires à la préparation des gâteaux. «Dieu merci, je prépare moi-même mes gâteaux et ma famille les apprécie beaucoup. J'en prépare beaucoup pour que mes petits-enfants puissent avoir leur part. Je doute fort que notre relève calque sur ce volet essentiel de nos coutumes» a-t-elle encore fait remarquer. La gérante d'une pâtisserie, spécialisée notamment dans les gâteaux traditionnels, installée dans une ruelle de la municipalité d'Aïn El Turck a confié en substance «nous arrêterons nos commandes au cours de cette semaine, car au-delà nous aurons écoulé tous nos produits.

Notre clientèle s'est manifestée au début de la semaine dernière et la plupart viendra récupérer ces commandes la veille de l'Aïd». Toujours est-il que le «makroud», gâteau traditionnel le plus prisé par les familles oranaises, est proposé à partir de 400 dinars le kilo tandis que «les sablés» et autres pâtisseries orientales raffinées, sont, pour leur part, cédés à partir de 500 dinars pour le même poids. Cependant les prix varient quelque peu et ce, par rapport aux quartiers où sont installées ces pâtisseries. En effet, de légères hausses ou des baisses de prix sont ainsi relevées, en fonction des endroits où sont installés ces établissements commerciaux. «Mon travail d'un côté, les enfants et mes obligations dans mon domicile d'un autre, je n'ai presque plus de temps pour moi et encore moins pour préparer les gâteaux» a commenté une jeune mère de famille avec une humeur bilieuse, habituée chez une pâtisserie orientale dans le chef-lieu de la daïra. Selon les témoignages glanés par Le Quotidien d'Oran, la préparation des gâteaux de l'Aïd ne semble plus susciter l'engouement des familles comme c'était le cas dans un passé encore vivace. Cet état de fait a donné naissance à une multitude de pâtisseries, qui s'est installée dans ladite municipalité à l'instar des trois autres que compte la contrée d'Aïn El Turck. Une activité commerciale qui est apparemment florissante en ces derniers jours du mois de carême et ce, à la faveur du peu d'engouement pour la préparation des gâteaux traditionnels à la maison. Une aubaine pour laquelle les pâtisseries se mesurent à travers un dernier sprint avant le jour « J », qui s'identifie à travers une ostentation criarde d'embellissement des vitrines illuminées judicieusement garnies.