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Tébessa: Une cité en décalage avec son passé culturel

par Ali Chabana

Quand la chose culture ne fait pas vibrer les cœurs à Tébessa. Ceci a des raisons ! Le fait culturel ne peut être dissocié de son environnement, sans quoi il lui devient étranger. Toute manifestation à vocation culturelle ou artistique naît et se développe dans son milieu, elle sera prise en charge par ceux qui veilleront à son éclosion. Peut-on semer dans une terre aride et puis escompter des fruits ? La culture ouvre des perspectives de progrès, c'est la source nourricière de la société, celle-ci s'appuie sur ses valeurs culturelles dans l'optique d'initier tout projet de société. Depuis quelques années, certains connaisseurs du dossier culturel croient qu'à Tébessa on a perdu les repères basiques du militantisme au culturel, qui une fois retrouvés rendront au travail culturel son estime et sa raison d'être.

Ceux-là mêmes affirment que la culture n'est pas seulement des calendriers tracés et exécutés, pour remplir un temps des espaces, au goût d'un évènement quelconque, selon un agenda. Autrefois, Tébessa faisait drainer les artistes du pays et de l'étranger, les galas et les tours de chants ornementaient les soirées dans une ambiance festive, nos voisins tunisiens venaient régulièrement égayer les Tébessis, Ali Riahi, Ahmed Hamza, Naâma et Oulaya. Ckeikh Mohamed Tahar Fergani, le chantre du malouf constantinois faisait résonner par sa voix, les pierres de la Basilique site archéologique phare de la cité. Tébessa était aussi, le rendez-vous des grands noms du Théâtre national et des Arts plastiques. Et puis, l'avènement des journées cinématographiques, au titre d'un Festival international qui nous faisait rappeler que l'antique Theveste était le berceau du cinéma algérien, c'était ici que naissaient les premières images, dans les monts d'El Meridj, El Kouif, Boukhadra et Ouenza, tout au long de la bande frontalière, grâce à des gens, des maquisards caméra au poing, comme René Vautier, Djamel Chanderli, Pierre Clement, Mohamed Lakhdar Hamina.

C'était la révolution de la liberté, le balbutiement d'un cinéma de chez nous.

Durant les années de braise de la décennie noire, Tébessa s'ouvrait au monde, pour dire que l'Algérie était débout. Les cinéastes et comédiens nationaux et étrangers faisaient escale à Tébessa, Amar Laskri, Moussa Haddad, Mustapha Badie,, Mohamed Chouikh, Larbi Zekkal, Mohamed Moukhtari, Sid Ali Kouiret, Farida Saboundji, Nawal Zaâtar, Amel Himer, Chafia Boudraâ, Bahia Rachdi et d'autres artistes venus d'Egypte, Samiha Ayoub, Souhir El Mourchedi, Kamel Cheikh ou de Syrie Mouna Wassef, de Tunisie Baha Eddine Attia. La fête battait son plein et des projections de films à gogo, avec des salles de cinéma encore en activité «El Maghreb» et «Palace» rénovées et équipées, les ciné-bus sillonnaient les communes. Soudain c'est la disette, le champ culturel prend du plomb dans l'aile et les rendez-vous se font rares. Le public (ou les publics) n'arrive plus à expliquer cette sécheresse, vous dites un problème de financement des activités, peut-être aussi dû au manque d'infrastructures adéquates. Il est temps de revoir certains critères et paramètres organisationnels et de ressources humaines, pour pouvoir évoquer de nouveau le projet d'une relance. Tébessa donne cette impression d'une cité en décalage avec son passé rayonnant et ses potentialités réelles, de redevenir une destination culturelle de premier choix.