Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Conflit entre laboratoires d'analyses médicales et pharmaciens: Une commission ministérielle pour trancher

par M. Aziza

La polémique enfle entre le Syndicat algérien des laboratoires d'analyses médicales et les pharmaciens d'officine, depuis la décision du ministère de la Santé qui a interdit aux pharmaciens d'effectuer des analyses médicales au sein de leurs officines.

Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) a saisi le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, exigeant la suspension et la préparation d'une circulaire qui apportera une rectification ou des solutions qui préserveront l'intérêt des citoyens en matière d'accessibilité aux soins, mais aussi l'intérêt des laboratoires d'analyses médicales et des officines.

Contacté par nos soins, le président du SNAPO, Messaoud Belambri, a affirmé que son syndicat a déjà saisi le département de Benbouzid, en attendant que la tutelle tranche sur cette fausse polémique qui n'a pas lieu d'être. Il a affirmé que le ministère de la Santé s'est engagé à étudier les solutions possibles en mettant en place une commission qui sera chargée d'étudier ce dossier en concertation avec les pharmaciens d'officine et le Syndicat des laboratoires d'analyses.

Dans un communiqué daté du 24 avril dernier, le Syndicat algérien des laboratoires d'analyses médicales a accusé les pharmaciens d'officine d'enfreindre la loi. En précisant à travers le communiqué rendu public, qu'«il n'y a aucune loi permettant aux pharmaciens de créer des laboratoires d'analyses médicales, considérant leurs activités à cet égard comme une violation de la loi et une atteinte à la profession de leurs confrères parmi eux les propriétaires des laboratoires médicaux». Dénonçant encore une fois « l'anarchie qui règne » et « l'incapacité de l'Administration à imposer la loi et le contrôle pour réglementer les professions des praticiens de santé». Le syndicat a tenu à préciser que les récentes circulaires émanant de la tutelle, donnant injonction aux pharmaciens de ne plus faire des analyses médicales ont été émises pour «imposer l'ordre et rappeler la nécessité de mettre en œuvre la loi et pour chacun d'exercer sa tâche sans empiéter sur la profession de ses collègues».

Selon la conception du Syndicat, la pharmacie comme institution professionnelle légalisée, ses tâches étant principalement représentées dans la fourniture de médicaments, leur délivrance avec la présentation de conseils à leur sujet. Et de souligner que dans les anciennes lois, le pharmacien d'officine était autorisé à effectuer cinq examens médicaux simples. Et ce, particulièrement, dans les zones reculées qui ne disposent pas de laboratoires d'analyses médicales accrédités. De plus, la loi Santé 2018, selon le Syndicat, ne classait pas les maladies du sang parmi les disciplines autorisées à exploiter un laboratoire d'analyses médicales, notamment en officine. Et de préciser : « ce qui s'est passé est le fait que certains pharmaciens ont procédé à l'extension de leur activité pour inclure deux professions ensemble, à savoir la pharmacie et la profession de laboratoire d'analyses médicales, ce qui est contraire à la loi en termes de combinaison de deux professions différentes».

Et ce, sans la présence du certificat requis, « le certificat d'études médicales spécialisées en biologie médicale», et sans autorisation pour ouvrir un laboratoire d'analyses médicales en pharmacie.

Le Syndicat a également exprimé ses regrets pour certaines informations relayées à travers les médias, considérant que les pharmaciens ont le droit d'effectuer des analyses médicales au même titre que les laboratoires médicaux.

«Le pharmacien n'est pas un commerçant»

Le président du SNAPO, Messaoud Belambri, a affirmé que son syndicat continuera à défendre la profession de pharmacien d'officine, qui ne se limite pas à la vente des médicaments. Il a tenu à préciser que la formation médicale du pharmacien est de six ans avec un stage d'internat d'une année dans les laboratoires spécialisés de CHU.

Il a affirmé que les pharmaciens d'officine effectuaient des analyses médicales de base depuis l'indépendance, conformément à la loi. Et de préciser que la loi sanitaire 18-11 dans son article 179 donne le droit au pharmacien d'assurer la mission « des services liés à la santé ». Et ce, selon les recommandations de l'OMS.

M. Belambri a précisé que le pharmacien dispose d'une formation polyvalente de niveau et il est habilité pour contribuer efficacement à l'accessibilité aux soins et à la facilitation de la vie de nos citoyens. « L'Algérie ce n'est pas la capitale ou les grandes villes comme Oran, Annaba ou autres. L'Algérie c'est aussi le Sud et les zones reculées, il y a rarement de laboratoires d'analyses médicales dans ces régions ». Et d'expliquer que les pharmaciens d'officine n'ont nullement l'intention de revendiquer l'ouverture de grands laboratoires d'analyses, mais ils sont aptes pour effectuer des analyses de bases, tests de grossesse, tests glycémiques. « On ne va demander par exemple, aux gens de Tamanrasset de traverser des kilomètres pour des tests basiques».