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LA MAUVAISE SACRALISATION DE L'ADMINISTRATION

par Abdou BENABBOU

Tout le monde s'accorde pour affirmer, à juste raison, que les mortels travers de l'économie algérienne sont l'œuvre de l'administration. On met à l'index la bureaucratie, mais le phénomène est autrement plus pervers et plus profond que les plis bureaucratiques connus et il est à reconnaître que la pression législative démultipliée et mal ordonnée a compliqué la situation plutôt que de la simplifier. Les turbulences judiciaires actuelles qui semblent clôturer les destins d'anciens grands responsables ne sont pas venues seulement incendier, à leur manière, les prétoires, mais elles ont aussi imposé à de nombreux hauts et moyens commis de l'Etat de se croiser les bras et de mettre leurs pouvoirs de décision sous leurs sous-mains, de peur que la moindre de leurs prérogatives ne soit sujette à une invitation au cachot.

On s'en tient alors au verbe véhément contre les retards des réalisations ou au mutisme pour se rendre compte que la culture administrative algérienne, par ses effets négatifs, avait une similitude avec l'implacable pieuvre trop intéressée du système des monopoles. Celui-ci préconçu délibérément, faisait des signataires des manœuvriers de basses factures. Pourtant, redresser la barre et accorder à la loi une réelle et nouvelle noblesse peut être aisé, pour peu que la transparence soit remise à l'honneur. Avec les nouveaux moyens informatiques, un investisseur créateur d'emplois n'a pas besoin de se planter sous les perrons des administrations, des mois durant, pour être malmené. Il n'a pas à être obligé de suivre l'administration et c'est à elle de le suivre. Si elle marque quelques réticences préfabriquées à l'accompagner c'est elle qui devra être condamnée avec célérité et sévérité par la loi. Ne pas attribuer un registre de commerce, une carte grise, un permis de construire ou un document quelconque, n'est certes pas le fruit du hasard. L'obstruction est née de la dilution du pouvoir de l'Etat pour avoir cédé sa force à l'administration. Or l'administration et ses agents ne sont pas l'Etat mais des instruments au service de la population et des institutions régaliennes pour fluidifier la marche normale du pays.