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Campagne précoce

par Abdelkrim Zerzouri

De nombreuses formations politiques, qui ont affiché leur prétention de participation aux prochaines élections législatives anticipées du 12 juin 2021, ont entamé une campagne électorale précoce. A deux mois et demi de ce rendez-vous électoral, les leaders de ces partis ne se contentent pas de rester dans les sièges de leurs bureaux à faire des déclarations mais s'échinent, déjà, à sillonner les wilayas du pays pour faire du marketing politique. Du Sud au Nord, d'Est en Ouest, ils se font remarquer à travers des rencontres exclusivement réservées aux prochaines joutes électorales.

 Certains tentent d'expliquer les motivations qui les ont poussées à opter pour le choix de la participation, sensibilisant dans ce sillage les citoyens, notamment les jeunes, à contribuer dans l'édification et le parachèvement des institutions de l'Etat en s'intégrant dans le processus électoral en tant qu'acteurs actifs, bien évidemment au sein des rangs de chaque tribun. Les thèmes abordés lors des sorties des chefs de partis, ces derniers jours, portent sur des sujets généralement phares de la campagne électorale, dont les discours charmeurs, la sensibilisation pour une forte participation au scrutin, l'invitation des électeurs à faire le bon choix le jour « J », en clin d'œil aux candidats qui leur seront présentés par le parti et autres arguments plaidant pour la préservation de la stabilité et la sécurité du pays dans un décor hostile. En somme, on se croirait en pleine campagne électorale. Mais la loi a cadré et limité la campagne à un mois du rendez-vous, où les candidats et les partis politiques auront tout loisir, en toute légalité, de tenter de convaincre les électeurs. Qui doit remettre de l'ordre dans la scène politique nationale ? L'autorité nationale indépendante des élections (ANIE) devrait veiller au respect de la loi électorale, qui consacre un temps limité à la campagne électorale, pour permettre aux candidats d'affronter les urnes à chances égales dans le cadre d'une compétition qui donnerait à tout un chacun le temps de s'exprimer et de séduire les électeurs. Ni avant ni après la période dédiée à la campagne électorale.

Si la campagne précoce est initiée par des médias, qui ne sont pas loin d'y mettre du leur dans l'air du temps, d'autres responsabilités sont engagées, dont celle du ministre de la Communication et l'ARAV. Pour le moment, on semble tolérer cet empressement des chefs de partis politiques à se lancer prématurément dans la campagne électorale, à cause, peut être, d'un penchant commun entre les autorités et les partis politiques qui ont déclaré leur participation aux prochaines joutes électorales, en l'occurrence passer avec succès cette importante étape dans la concrétisation des engagements du président de la République. Mais, si les autorités publiques peuvent garder intacte leur neutralité en plaidant pour une forte participation au scrutin du 12 juin prochain, les partis politiques, eux, pourraient-ils se défaire de la tentation de tirer le tapis de leur côté, et avoir une longueur d'avance sur d'autres, notamment les candidats indépendants, qui doivent patienter jusqu'au démarrage officielle de la campagne électorale pour avoir accès à la tribune ?