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Foule solitaire! Foules solidaires?

par Belkacem Ahcene Djaballah

La pathologie d'Hubris, appelée aussi la « folie du pouvoir » a été décrite par un médecin, ancien ministre des Affaires étrangères britannique, David Owen, chez un certain nombre de dirigeants, chez qui le pouvoir a complètement changé la personnalité. David Owen a décrit 14 symptômes de ce qu'il nomme « syndrome d'Hubris ». Et pour être diagnostiqué porteur de ce syndrome, il faut présenter au minimum trois symptômes sur les quatorze. Hubris décrit une qualité de personnalité extrême ou stupide (par orgueil ) ou dangereuse (par excès de confiance), souvent en combinaison avec l'arrogance (on a le droit d'exiger certaines attitudes et comportements d'autrui). «Arroger» signifie «revendiquer ou saisir sans justification, faire des allégations abusives d' «avoir», ou «de réclamer ou de saisir sans droit, d'attribuer ou d'attribuer sans raison». Le terme «prétention» est également associé au terme hubris, mais n'est pas synonyme d'orgueil. Selon les études, l'orgueil, l'arrogance et la prétention sont liés au besoin de victoire (même si cela ne signifie pas toujours gagner). A noter que le groupe auquel appartient le délinquant peut souffrir des conséquences collatérales d'actes illicites. Hubris indique souvent une perte de contact avec la réalité et une surestimation de ses propres compétences, réalisations ou capacités. Car, la caractéristique principale de l'Hubris est qu'il est visible de tous, sauf du principal intéressé et de ses fidèles.

Ceci dit, et grâce à Wikipédia, j'ai la nette impression que ce qui se passe chez nous, actuellement, relève par bien des aspects, de ladite pathologie. Au niveau du ou des «pouvoir(s)», cela a été relevé, tout particulièrement, chez des individus bien précis. Ainsi, A. Bouteflika (et son clan) a réussi, en très peu de temps, le temps de connaître les avantages et les inconvénients du terrain présidentiel et alentours et le reste, et grâce aux moyens financiers colossaux à sa large et entière disposition, sans contrôle, à régner sans partage durant près de vingt années, sur tout un peuple à quelques exceptions près. L'orgueil, l'arrogance et la prétention, tout un mélange qui a fabriqué un « pouvoir solitaire » avec sa famille et « solidaire » avec ses démembrements. Ailleurs, on a eu Kaddafi, Ben Ali, Saddam, Ceaucescu, Moubarak, Trump. Owen y avait étudié Blair et George W. Bush. Les Français y ont vu Sarkozy. Par le passé on a eu Hitler, Mussolini, Salazar, Al Capone, Bokassa, Tschombé, Franco. Et beaucoup d'autres, aussi bien en Europe et aux Amériques qu'en Afrique et en Asie. On sait comment cela s'est terminé. Car, heureusement, cela n'a pas trop duré, le temps des réveils des foules, suscités ou spontanés, étant venus, entraînant des chutes parfois mortelles et causant souvent, aux peuples, bien de très gros dégâts matériels et humains. Rares sont les pays qui ont vu les changements de système dans la sérénité. On l'a même vu chez nous en octobre 88 et après. Avec tous ses dérapages dus, certes à un système obsolète, mais surtout à un groupe bien précis (et ses « foules »), d'obédience religieuse, voulant non pas changer de système politique, le rendre républicain, plus démocratique, plus libéral, plus juste, mais de philosophie de vie : l'islamisme, lequel exploitant les fautes stratégiques (sic !) et l'aveuglement des gouvernants de l'heure, et ne réussissant pas son « coup », a versé dans la violence d'abord verbale, puis physique et enfin, dans le terrorisme. L'exception algérienne : le mouvement populaire, le Hirak, né le 22 février 2019, qui a réussi à faire partir A. Bouteflika (et son clan) et qui, après plus de 109 marches hebdomadaires (auxquelles il faut ajouter les marches estudiantines) s'est déroulé et se déroule, encore, dans le calme et dans une certaine allégresse. L'euphorie de la liberté de dire et de crier enfin retrouvée ! Ce n'est pas du b.o.n.h.e.u.r comme le conçoit - sur des bases quantitatives - le « World hapiness report » des Nations unies qui nous classe109ème, dans le monde et 13ème en Afrique, mais ça y ressemble fort, les Vendredis et Mardis seulement!

Le drame, c'est que ça traîne en longueur?le mouvement d'hier accouchant au fil du temps de « foules » multiples, chacune ayant ses propres slogans, revendications parfois cacophoniques, pour ne pas dire contradictoires, les un (e)s « sensé(e)s », d' autres bien moins ou pas du tout, souvent sans leaders précis et encore moins acceptés?chacune des foules voulant ramener l'autre à la hauteur de ses exigences. Un dialogue interne presque impossible?faisant l'« affaire » des « restes » de l'ancien régime, de tous ceux qui pensent avoir été (ou le sont encore) victimes d'injustice(s) et Dieu seul sait combien nous en subissons et ? plus dangereux encore- de ceux qui n'ont jamais « avalé » leurs échecs passés de prise du « Pouvoir ».