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Stress hydrique: Vers une rationalisation de l'eau dès l'été

par El-Houari Dilmi

En raison du stress hydrique que connait le pays depuis plusieurs années, l'on s'achemine tout droit vers une rationalisation de l'eau dès l'été prochain, pour économiser cette denrée vitale.

En effet, intervenant, hier lundi, sur les ondes de la Radio nationale, le directeur général de l'Algérienne des eaux (ADE), Hocine Zair, a déclaré que le pays enregistre une moyenne de 44 % de remplissage de barrages et que cela allait engendrer une situation qui nous impose une nouvelle politique de distribution de l'eau.

Malgré les appoints apportés par le dessalement d'eau de mer et l'eau souterraine, Hocine Zair a estimé que « cela n'est toujours pas suffisant et l'on doit passer à une démarche économique de l'eau pour ne pas dire « programme de rationalisation de l'eau», a-t-il souligné. Pour le DG de l'ADE, il est « d'ores et déjà envisagé des mesures drastiques pour économiser cette denrée vitale qui se fait davantage désirer», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il « y va de notre sécurité alimentaire de préserver cette denrée vitale». L'invité de la Radio a également indiqué qu'une « réduction des plages horaires de distribution s'impose, sauf reconstitution des réserves et l'amélioration de la situation des précipitations jusqu'à mai prochain», a-t-il expliqué. Donnant plus de détails, Hocine Zair a précisé qu'«actuellement, cette plage horaire de distribution de l'eau qui est de 10 à 18 heures va être réduite et ramenée d'abord entre 6 heures à deux heures ; toutefois, dans certains cas, surtout là où l'eau manquante n'est pas compensée par ailleurs, on va passer inévitablement à un jour sur deux», a-t-il indiqué.

Pas de restriction durant le ramadhan

Au sujet de l'entrée en application du nouveau programme de distribution, le DG de l'ADE a écarté toute restriction pendant le mois du ramadhan. « Le programme actuel va être prorogé jusqu'à l'après ramadhan, donc pas de restriction durant le mois sacré», a-t-il rassuré, ajoutant que «la démarche préconisée sera appliquée, par contre, dès le début de la saison estivale, surtout si le niveau de remplissage des barrages ne s'améliorera pas d'ici là», a-t-il mis en garde. Le directeur adjoint du service public au ministère des Ressources en eau, Ardjoum Abdelaziz, a indiqué, de son côté, que les « perturbations enregistrées ces dernier jours dans l'approvisionnement régulier en eau potable sont dues au faible stock des barrages en raison de la rareté des précipitations», a-t-il déclaré, précisant que son département « travaille à diversifier les ressources en eau afin d'assurer la disponibilité de cette denrée vitale». Ardjoum Abdelaziz a expliqué que « 75 % des Algériens sont approvisionnés quotidiennement en eau de façon régulière, tandis que 25 % d'entre eux reçoivent de l'eau une fois tous les deux jours ou plus», a-t-il indiqué. Cette rareté du précieux liquide « a connu une instabilité ces derniers temps à cause des conditions climatiques qui ont affecté les précipitations, le niveau de réserve des barrages comme les eaux de surface et souterraines», a-t-il souligné. Le directeur adjoint du service public au ministère des Ressource en eau a indiqué, à ce titre, que « le taux de remplissage actuel des barrages est de 3,5 milliards de mètres cubes, soit 44 %, avec un taux différent d'une région à une autre», a-t-il précisé. Chiffres à l'appui, l'invité de la Radio a révélé que « le niveau de remplissage des barrages a atteint 68% à l'est du pays, contre 22% au centre et 29% à l'ouest du pays», ajoutant que « 20 % des barrages ont enregistré un déficit de leurs stocks, en particulier dans l'ouest et le centre».

Une situation qui « nous impose d'adopter une nouvelle stratégie visant à préserver, valoriser et protéger cette denrée précieuse, vu la situation géographique de l'Algérie située dans une région semi-aride», a-t-il encore expliqué. Ardjoum Abdelaziz a également indiqué que « le parc aquatique national comprend 80 barrages d'une capacité de stockage de 8 milliards de mètres cubes, en attendant de renforcer nos capacités par d'autres barrages, y compris des barrages en construction et d'autres à l'étude», a-t-il expliqué, ajoutant que « l'objectif est d'atteindre une capacité de stockage de plus de 10 milliards de mètres cubes». L'intervenant a, enfin, précisé que dans le cadre de la stratégie visant à diversifier les ressources en eau et à assurer leur durabilité, « l'Etat a eu recours au dessalement de l'eau de mer, avec 11 usines de dessalement d'eau de mer en exploitation».