L'ordonnance n° 20-03 du 30 août 2020 relative à la
prévention et à la lutte contre les bandes de quartiers, publiée au journal
officiel n° du 51 du 31 août 2020, pourrait-elle contenir ce phénomène qui a
pris une ampleur inquiétante ces dernières années ? Effectivement,
selon les statistiques des activités des services de sécurité, le traitement
des affaires liées à la constitution de bandes de quartiers et des batailles
rangées a nettement diminué depuis l'application des textes de cette
ordonnance, qui prévoient des peines très sévères contre les coupables,
comprises entre deux ans de prison ferme et la réclusion criminelle à
perpétuité « si la rixe, la rébellion ou la réunion a entraîné la mort d'une
personne autre que les membres de la bande », mais la gestion pénale de ce
phénomène, ou ce que certains juristes qualifient de « politique du tout
répressif », ne peut, à elle seule, venir à bout des violences dites urbaines.
Le législateur a mesuré cette dimension à sa juste valeur en incluant dans
l'Ordonnance une vision préventive dans la lutte contre les bandes de
quartiers, et sa concrétisation qui commence à voir le jour incombe, non pas au
ministère de la Justice mais au département de l'Intérieur. Ainsi, deux
ministères s'associent dans cette lutte contre les bandes de quartiers. C'est
dire toute la complexité de la tâche de gestion de ce phénomène très sensible
de par ses liaisons intimes avec la population juvénile et les risques
d'explosions sociales ingérables à travers les dispositifs conventionnels.
En sus du fait que les bandes de quartiers n'ont pas la
même interprétation et le même traitement du point de vue criminologique ou
sociologique. Le premier sévit contre les malfaiteurs alors que le second va
jusqu'à les considérer comme des victimes du bouleversement social. Comme le
stipule, donc, l'Ordonnance n° 20-03 du 30 août 2020 dans son volet préventif,
le Gouvernement est en phase d'instituer une commission nationale et des
commissions de wilayas de prévention contre les bandes de quartiers placée
auprès du ministre chargé de l'Intérieur, qui auront pour mission d'élaborer un
projet de stratégie nationale d'immunisation sociale contre ce phénomène, en
assurant le suivi et la veille sur toutes les actions et les mesures engagées
dans cet environnement. Pour plus d'efficacité et de rationalité, et dans le
prolongement des évènements, ne serait-il pas plus adapté à la situation
d'inclure dans cette lutte contre les bandes de quartiers l'Observatoire de la
société civile et le Haut conseil de la jeunesse (constitutionnalisés),
notamment en choisissant au sein de leurs membres des représentants qui
feraient partie de la composante de cette commission nationale qu'on s'attelle
à constituer ? Cela s'inscrit en droite ligne de leur vocation, dont la
promotion des valeurs nationales et la pratique démocratique et citoyenne et
participe avec les autres institutions à la réalisation des objectifs de
développement national.