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Prix du poulet et des œufs: Les raisons d'une hausse vertigineuse

par J. Boukraâ

Le prix du poulet a connu une nouvelle hausse. Le kilogramme est passé de 230 DA, il y a une quinzaine de jours à 370 DA pour le poulet entier et 430 dinars le kilo pour le poulet en détail. Durant le mois de février le marché local a connu une accalmie.

Le poulet est descendu sous la barre des 230 DA le kilo mais depuis la fin du mois, les prix ont connu une hausse. Les raisons de cette frénésie des prix ne semblent pas évidentes aux consommateurs. Selon certains détaillants la hausse des prix des aliments et des intrants ainsi que la multiplication des intermédiaires est à l'origine de l'envolée des prix, alors que d'autres expliquent cette hausse par le manque d'offres: «Le poulet est fragile en été et son élevage est difficile, s'ajoute à cela le manque de production, puisque de nombreux volaillers ont mis la clé sous le paillasson à cause de la cherté des aliments et d'autres problèmes». Cette hausse est due, selon un boucher installé au marché d'El Hamri, à l'absence d'un plan de production agricole stable. D'autre part, dans une note de conjoncture, l'Observatoire des filières avicoles algériennes (OFAAL), a prévu un accroissement de l'ordre de 30%, dans le prix des viandes blanches, durant ce trimestre, par rapport au mois de décembre 2020.

«Il y aura un léger raffermissement des prix durant ce premier trimestre. On prévoit une baisse de l'offre du poulet vif sur les marchés (février ?mars). On enregistrera ainsi une hausse de l'ordre de 20 à 25 %, voire 30 % dans certaines régions du pays par rapport au mois de décembre 2020. Les prix des matières premières (maïs, tourteaux de soja) enregistrent des fluctuations sur le marché boursier. Ceci est dû aux conditions sanitaires (Covid-19) et climatiques que les pays exportateurs ont subies durant les derniers mois. Sur le marché national, les prix des matières premières, notamment les tourteaux de soja ont atteint des pics importants, à cause de la baisse des stocks et les retards accumulés pour les approvisionnements », affirme l'OFAAL. « L'instabilité actuelle des prix des aliments ne va pas décourager cette catégorie d'éleveurs car la situation n'est que conjoncturelle.

Des solutions de substitution existent et la conjoncture s'y prête, vu que la demande sur ce produit reste toujours importante, ou un grand nombre de consommateurs vont se rabattre sur les viandes blanches, vu que les prix restent concurrentiels comparativement aux viandes rouges et aux produits de la mer », ajoute la même source.

Les œufs à 13 DA l'unité

Pour les œufs de consommation, ils sont cédés par les détaillants entre 11 et 13 DA l'unité selon le calibre. L'Observatoire prévoit, durant ce premier trimestre, un maintien des prix à des niveaux élevés. «Les prix varient entre 9,50 à 10 DA l'unité dans la production, et 12 et 13 DA l'unité au détail, avec de légères hausses plus importantes dans la région-ouest (la loi de l'offre et la demande).

La filière ?ponte' reste stable comparativement à la filière chair, car la production est étalée sur une période d'une année minimum. La demande sur ce produit reste toujours importante dans les marchés, d'où un maintien des prix à la hausse, une situation qui va se poursuivre jusqu'à atteindre les pics de production vers la fin du premier trimestre 2021 pour pouvoir voir une augmentation de la production et éventuellement une légère baisse des prix ». Malgré la hausse des prix des aliments, l'Observatoire s'attend à une poursuite de l'activité de l'élevage. «Toutefois la conjoncture actuelle n'incite pas les petits éleveurs à mettre en place des bandes de poulets en raison des problèmes financiers et les créances non payées. Ce sont les gros éleveurs qui ont les moyens financiers qui vont mettre en place des poulets en prévision du mois de Ramadhan», ajoute-t-on. La désorganisation de la filière dans son ensemble qui constitue un frein à son développement, dans le sens du professionnel, a été aussi abordée dans la même note.

Pour les professionnels du secteur: «Il faut qu'il y ait une stratégie claire pour arriver à, vraiment, réguler le marché.

Celle-ci ne peut être efficace que si on prend en compte les besoins réels de notre marché local pour qu'on puisse, par voie de conséquence, organiser tous les maillons de la production afin d'éviter tout dérèglement».

Pour rappel à Oran la production en viande blanche a atteint l'année passée 110.000 q contre 29.000 q en 2019. La production d'œufs de consommation a connu la même tendance haussière durant la même période pour atteindre 160 millions d'unités. Une production record qui a permis de classer Oran parmi les 3 premières wilayas avicoles. La wilaya dispose d'installations modernes formées d'une centaine d'hangars d'élevage industriel d'une capacité théorique de près de 2 millions de sujets et pouvant atteindre le triple de ces effectifs. Toutefois, la filière pâtissait de nombreux problèmes, liés essentiellement au manque d'organisation et de structuration, ainsi que de l'existence du marché parallèle.