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Tlemcen: Un autre 11 Décembre à Hennaya

par Khaled Boumediene

Le 11 Décembre 1960 signifie la reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple algérien, lui permettant ainsi d'arracher l'indépendance en 1962. Trois ans avant cette date historique, plus précisément le 11 décembre 1957, sept fidaïs ont été tués par l'armée française entre Ouled Alâa et Oued Sekkak. Les sept martyrs sont 5 valeureux jeunes de Hennaya ayant participé à des opérations de sabotage, embuscade, attentat, incendie et de destruction des fermes coloniales. L'armée française répondait immédiatement aux actions de ces moudjahidine par des rafles et des ratissages. Parmi ces sept héros tués à la fleur de l'âge, les chahids Ferouani Mohamed, Lablack Abdesselam, Sahnoune Tayeb, Faradji Grar Omar et Chohra Chaïb.

Agé de 27 ans, ce dernier, surnommé El Hayet, ancien scout, menuisier de profession, a été arrêté au village de Mélilia où le grand chahid Larbi Ben M'hidi et ses groupes venaient s'abriter dans cette localité montagneuse. Il a été sauvagement torturé et livré à des chiens des forces militaires françaises avant d'être fusillé entre Ouled Alâa et Oued Sekkak. Ces troupes de guérilla semaient la terreur dans les rangs de l'armée française concentrées dans des postes militaires installés principalement au niveau de la place du centre-ville (près de l'église et du cercle Saint Raymond) et Djemâa encerclée de barbelés ainsi qu'au sein de leurs nombreux alliés et colons, Jacomo, Nogaro, Cazenave, Grasset, Thorrignac, Dablanc, Fréret, Vitalis, Gallien, Pomiès, Vidal, Guillot, Bouchet, Galtier, Claudel etc. Ces colons fournissaient de précieuses informations sur les fidaïs aux services de renseignement français afin de les éliminer. Apeurés par les opérations perpétrées par les fidaïs et les commandos, les colons ne cessent de réclamer à la métropole des renforts pour protéger leurs vies et les biens dont ils avaient spolié à leurs authentiques propriétaires. En réponse à cet appel, les autorités prennent la décision d'augmenter les effectifs militaires sur le terrain.

Sur ordre du commandement de la wilaya historique «Cinq» du front de libération nationale, des actions de riposte et de rébellion sont menées partout à Tlemcen, Béni-Snous, Ghazaouet, Nedroma, Sidi-Djillali, Sebdou, Maghnia, Sabra, Ouled Mimoun, Aïn Ghoraba, Béni-Oursous et Bensekrane par les valeureux combattants. Dès la fin de l'année 1955, la révolution et la résistance populaires prennent une ampleur considérable lorsque des bateaux commencèrent à accoster dans les ports de l'Algérie, pour faire débarquer un nombre impressionnant de soldats français.

D'autres cellules de Fida ont été constituées pour activer dans la banlieue de Tlemcen, Saf-Saf, Aïn Hout, Ouzidan, et du côté de Zenata et Ouled-Alâa. Parmi les martyrs et fidaïs de Hennaya, l'on peut noter les frères Abdeldjabar Sid-Ahmed et Tayeb, les frères Ouled Aïssa, les frères Khaled Boumediene et Abdallah, les frères Boumedène, les trois frères Ouled Kadda, Belhassaïne Mouloud et son épouse Mostefaoui Fatna, les frères Benhamou, les frères Attia Boumediene et Mohamed, les frères Hamhami, Bellifa Abderrahmane, les frères Benhammou Boumediene et Abdelkader, les frères Bentoumi Boumediene et Abdelkader, les frères Mâameri Sayeh et Okkacha, les frères Saïdi Saïd et Abdelkader, Lablack Mohamed, Lablack Benali, Hamidaoui Mohamed, Bekatlane Okkacha, Aziz Mohamed, Khelloufi Lakhdar, Belhadj Yousfi, Bennaceur Yahia, Belkacem Boumediene, Maaskri Mohamed, Bendjelloul Abdelkader, Bellil Mohamed, Drici Tani Mohamed, Yahia Berrouiguet ould Djelloul, Mékamcha Bénaïssa, Abdeldjellil Mohamed, Guermoudi M'hamed, Hadjazi Hocine, Rahou Benyoucef, Sahli Nedjadi, Rachedi Chaib, Oumeur Abdelkader, Chadli Mohamed, les sœurs Mostefaoui Fatna et Fatima, Mokhtari Boudjemâa, Boucharef Benaïssa, Baraka Mohamed, Bekaddour Ahmed, Bouchikhi Tani Boumediene, Saïdi Abdelkader, Yousfi Belkheir, Benaissi Kadda, Bensouna Mohamed, Metahri Mohamed, Benmenni Kouider, Berrouba Tani Ahmed, Guendouz Mohamed Esseghir et beaucoup d'autres martyrs tombés au champ d'honneur qui se sont organisés pour lutter contre le colonialisme et pour la libération du pays. Cette liste est loin d'être complète, et de très nombreux ne sont pas cités. Les anciens de Hennaya se rappellent encore de la sinistre «Main Rouge» contre la population civile. Elle s'attaquait aux membres du FLN et leurs familles ou partisans, partout où cela lui semblait nécessaire. De même, elle se chargera de la « sale besogne » des services spéciaux français. De nombreux combattants et fidais de Hennaya ont été torturés dans le centre de torture de Saf-Saf et Dar El General. Les prisonniers ont subi des interrogatoires violents. Tous les moyens ont été utilisés par les tortionnaires français, pour soutirer le moindre renseignement, tels que les tenailles, la tronçonneuse, l'électricité et autres exactions. Leur sacrifice et le sang versé ont laissé dans l'histoire une trace indélébile que rien ne pourra jamais effacer...