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Covid-19: Moins de pression sur l'hôpital «Didouche Mourad»

par Abdelkrim Zerzouri

L'atmosphère paraît plutôt calme à l'intérieur de l'Etablissement hospitalier (EH) de la commune ?Didouche Mourad' dans un contexte épidémique alarmant, avec ses bilans quotidiens qui ne veulent pas descendre, en dessous de la barre du millier de cas positifs infectés au Covid-19, depuis quelques jours.

Aucun signe ne laisserait croire qu'on se trouve dans un hôpital qui était pratiquement saturé, voire submergé de malades, lors des premiers mois de la propagation du coronavirus, dans le pays, conduisant à l'installation de tentes avec des lits lorsque ses capacités d'accueil étaient dépassées. Quelques personnes attendaient tranquillement leur tour pour une consultation aux urgences, des médecins et des paramédicaux qui vaquaient à leurs occupations, calme et sérénité régnaient à travers tous les services, a-t-on pu constater sur les lieux.

Où est la «pression sur les hôpitaux» qui revient ces derniers jours dans les comptes-rendus de la presse nationale et étrangère, ne connaît-on pas le Covid-19 dans cet hôpital ? Mais si, répond M. Abdelkrim Ben M'Hidi, directeur de cet Etablissement hospitalier de 240 lits, cédé par les autorités militaires, et qui a fait l'objet, en 2012, d'une vaste opération de modernisation, avant son inauguration le 16 avril 2016.

«La maladie est bien là, plus menaçante avec ce retour à une circulation active du virus, la seule différence avec la première vague se situe dans une meilleure organisation qui a permis une maîtrise efficace de la gestion de la maladie et du flux des patients», relève M. Abdelkrim Ben M'hidi. Fort d'une première expérience face à la propagation du Covid-19, le premier responsable de l'EH ?Didouche Mourad' dira que le personnel médical et tous les travailleurs en général font, cette fois-ci, face à cette maladie avec plus d'aisance, sans peur panique, surtout.

«L'hospitalisation à domicile pour faire baisser la pression sur l'hôpital»

Au début, avoue notre interlocuteur, la psychose qui a suivi l'apparition de cette maladie méconnue, nous a contraints à une adaptation dans l'urgence au flux des malades, qui étaient systématiquement hospitalisés, mais aujourd'hui, la voie est schématisée, à savoir : consultation, orientation vers le scanner pour déterminer le degré d'atteinte au Covid-19, puis décision d'hospitalisation du malade, dans le cas de complications graves, sinon un traitement de 10 jours est prescrit au patient avec consigne d'isolement chez lui. Cette manière de faire est tirée de l'expérience vécue précédemment, indique le directeur de l'EH ?Didouche Mourad', et qui a donné de bons résultats puisque le taux de guérison est très élevé et les décès ont été considérablement réduits (sur les 1.500 malades accueillis depuis le début de l'épidémie, seulement 10% ont succombé, dont 95% des personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques), et il y a moins de malades hospitalisés actuellement (50 % des 80 lits prévus pour le Covid-19 étaient occupés, au jeudi 26 novembre), avec un délai de séjour relativement réduit, 4 à 5 jours, dans des conditions «d'hospitalisation hôtelière», tiendra à souligner notre interlocuteur. Non sans préciser qu'il y a également l'hospitalisation à domicile (HAD) qui arrive en appoint dans cette stratégie, et qui vise à faire baisser la pression sur l'hôpital, car les malades suspectés de développer des complications sont suivis, chez eux, par une équipe médicale et paramédicale. Aussi, la sensibilisation au respect des gestes barrières et l'auto-isolement des malades occupe une grande place dans la stratégie de gestion de la Covid-19.

Gestes barrières

Au bout du compte, cet Etablissement hospitalier, à vocation régionale, qui suit le traitement de pas moins de 4.000 malades du cancer (120 patients traités quotidiennement), n'a jamais arrêté, ces derniers mois, de prodiguer les soins aux malades atteints d'autres pathologie, dont le respect du calendrier des opérations chirurgicales programmée, l'accueil des parturientes au service de gynéco-obstétrique, ou encore les enfants au service pédiatrique ou néphro-pédiatrie, étant le seul Etablissement du genre, à l'est du pays, ainsi que d'autres activités régulières. Le tout dans un environnement qui respire la propreté parfaite, rarement rencontrée dans les structures publiques de santé. Le secret ? Le directeur de l'EH ?Didouche Mourad' nous dira qu'il y a une recherche constante du bien- être et de l'intérêt du malade à travers le dévouement et la cohésion du travail d'équipe, ainsi qu'un autre facteur qui offre un plus à l'évolution et la liberté de mouvement au gestionnaire, à savoir la gestion spécifique de l'Etablissement hospitalier, qui sont cinq en Algérie à suivre le même mode de gestion, et qui se caractérise par une certaine autonomie (décisions prises par un Conseil d'Administration et commissaire au compte pour certifier les bilans) que n'ont pas d'autres hôpitaux, qui restent gérés selon des statuts très ankylosés, estime-t-il. En concluant son intervention, il n'a pas manqué de lancer un appel aux citoyens pour se protéger contre la Covid-19, protéger leur entourage et préserver le système de santé et son personnel d'un accablement qu'on pourrait éviter tout simplement en respectant les gestes barrières et en appliquant, à la lettre, les mesures préventives.