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Covid-19 vs «guerrier du Sahara» ou Fennec?

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Ça nous pendait au nez ! Depuis quelques jours, les cas (officiels) de conta mination à la Covid 19 sont en augmentation. Une situation qui inquiète. D'autant qu'en l'absence d'études épidémiologiques serrées sur le terrain (ce n'est pas moi qui le dit, mais les médecins eux-mêmes), il faut pour l'instant, se contenter de constats proches et immédiats pour déterminer les zones touchées (les fameux « clusters »). Encore faut-il que nos concitoyens arrivent à dépasser leurs tabous et à déclarer autant les malades que les décès par virus. Et, j'ai la nette impression que c'est bien ce qui nous manque le plus, rendant ainsi la tâche plus que difficile aux personnels soignants, lesquels « sur le front » depuis des mois, et souvent sans relève, sont « sur les genoux ».

Un problème de moyens et d'organisation ? Sûrement. Mais, pas que... hélas ! Il y a, aussi, un problème de mauvaise volonté et de comportements asociaux de la part de certains citoyens. Pas du dilettantisme, comme on le remarque au niveau des jeunes croyant toujours que « l'enfer, c'est les autres », c?est-à dire les vieux, les malades chroniques, les peureux, les « incroyants », les mécréants » et ceux du « système ». Plutôt de l'incapacité à comprendre et à saisir le grand danger, celui de mort. Et, quelle mort, presque horrible ! Due à un « microbe », un « microbe » qui « ne peut rien contre nous » : Nous, les « Guerriers du Sahara », champions d'Afrique des nations de foot imbattus jusqu'ici.

Tout cela peut se comprendre, à ce niveau d'une société en butte, depuis près d'une année, aux difficultés de plus en plus oppressantes et stressantes de la vie quotidienne (résultat du confinement partiel ou généralisé, temporaire ou permanent, attendu ou inattendu), et nécessitant un travail soutenu et imaginatif de communication de proximité qui, malheureusement, ne donne pas toujours, immédiatement, de résultats palpables. Encore moins de bons résultats lorsque les ménageries et autres « méningeries » politico- cultuelles s'y greffent. A ce niveau, cela peut se comprendre. Mais, ce que l'on n'arrive pas à comprendre, c'est bel et bien le comportement de cadres dits supérieurs, pourtant, en théorie, bel et bien « formés » donc compréhensifs de la « chose meurtrière », qui ne respectent pas les consignes élémentaires pour éviter de « piquer » le virus ou de le transmettre ou de favoriser sa transmission aux plus vulnérables de leur environnement. Peur de contredire ou de froisser les hiérarchies ? Volonté de montrer au peuple une image de « battant » qui n'a pas froid aux yeux et qui « affronte » l'ennemi à visage découvert (sic !) style Trump, Bolsonaro ou Johnson ? Incapacité à dominer sa feuille de route en laissant l'imprévu prendre le dessus poussant jusqu'à l'oubli des précautions d'usage ?

Bavette sous le nez, sur le menton, accrochée au coude ou absente, distance physique non respectée, peu ou pas de gel, attroupements lors de visites officielles (ou familiales, lors de mariages ou de décès), salles de réunion exigües, grandes salles bondées de monde, parfois des « boussboussades » à n'en plus finir. De tout un peu, un peu de tout et ce qui devait arriver arriva. Pas mal de chefs d'Etat (et de cadres) se sont déjà retrouvés « confinés ». Dernier résultat le plus navrant chez nous : le chef de l'Etat se retrouve en confinement (« volontaire ») de plusieurs jours, après le constat médical que « plusieurs cadres supérieurs de la Présidence et du gouvernement présentent des symptômes de contamination ». Mais qu'ont-ils donc fait ?

Ce qui est sûr pour moi, c'est que l'exemple du « Guerrier du Sahara » doit rapidement être remplacé par celui de notre Fennec national, notre petit renard à nous, animal discret, pas prétentieux pour un sou, mignon et sympathique comme tout et, surtout, arrivant à se jouer de tous ses ennemis, du plus gros au plus minuscule, et à survivre depuis des siècles et des siècles sinon des millénaires dans une nature parmi les plus hostiles du monde.