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Vivement le 2 novembre !

par El-Houari Dilmi

Vivement le 2 novembre, date annoncée de la naissance de «l'Algérie nouvelle» ! Mais parce que le pays se dotera de nouvelles institutions élues d'ici la fin de l'année en cours. Question à une urne piégée : s'agira-il d'élire nos mères ou nos maires ?! La preuve que le changement ne viendra pas par le bas, pourquoi, douze lustres après le retour du soleil de la liberté, s'acharne-t-on, encore et toujours, à construire une belle maison sur des fondations bâclées ?

Parce que, depuis toujours (ou presque !), 70 pour cent des candidats à la gestion «cahoteuse» de la chose publique locale sont des NSNLNE, comprendre «Ne Savent Ni Lire Ni Ecrire». Comme quoi, dans un pays où aller à l'école n'est pas le meilleur moyen de se faire un nom, dans le marigot des «potabilités» locales, plus on descend dans l'échelle (sans filet) des responsabilités, moins on a besoin de faire des études; puisque le peuple d'en bas n'a pas besoin d'aller au paradis?, la tête ou la cervelle pleine (s). Un peu comme ce politicard qui a fait quatre ans de droit et toute sa carrière? de travers ! Autre preuve que le jacobinisme de mauvais aloi a de beaux jours devant lui, à quoi ça sert d'élire un maire si ce dernier n'est toujours pas capable de lire correctement une loi, comprendre comme il se doit un texte, ou même noter sur son calepin ce qu'il doit faire le lendemain. Soumis à l'implacable «travail de la moulinette» de la part de qui vous savez, de nombreux candidats à la candidature sont «recalés» pour cause de B2, c'est-à-dire des délits «risibles» comme non-paiement d'un procès-verbal d'infraction au code de la route, d'une pension alimentaire non versée à son ex-épouse et même pour «comportement immoral ou incivique». Comme quoi, prétendre faire de la politique, c'est un peu comme aller à La Mecque : être le plus clean possible, dans un pays où tout le monde ne fait pas ses ablutions. Théoriquement premiers dépositaires «régaliens» de l'autorité de l'Etat, nos maires sont-ils à ce point si «légers» face à plus «lourds» qu'eux, au point que nos P/APC sont les moins considérés dans le monde impénétrable de la politique, avec rémunérations indignes d'un émargeant au filet social ?! Contrairement à sa mère qui fait de son ménage sa petite république à elle, a-t-on vraiment besoin d'un maire «instruit» quand sa mission première est de nettoyer nos rues sales, ramasser les ordures ménagères, de préférence à l'heure du coq, badigeonner les murs décrépis de la ville, déboucher les avaloirs qui n'avalent plus rien, tailler les arbres qui s'arrachent les cheveux au moindre vent, assister les citoyens qui ne mangent pas à leur faim, ou répondre illico presto à une convocation du préfet, jaloux de son pouvoir, à ne jamais grignoter. Comme un manuel scolaire avec des corrigés types, jamais nos édiles n'ont été invités à débattre sérieusement du code communal, élaboré en laboratoire sans eux, envers et contre eux.

Dans un pays où les premiers magistrats locaux font tout sauf leur job, le pays sortira-t-il de ses ornières avec une organisation institutionnelle qui fait du paradigme tenace du nivellement par le bas une sorte de «constante» dans la gestion des affaires publiques ? Même si les élections locales, pour des raisons socio-historiques sont réputées coller à la peau des électeurs plus que les autres «moustahakates» nationales, le désintéressement affligeant de la rue pour les consultations populaires n'augure rien de bon, dans une contrée où confier, avec science et conscience, sa destinée aux autres, n'est pas une «tradition» à proprement parler. Ici, cette «renversante» confession d'un ex- maire à méditer à reculons : «Je suis un maire qui saigne sang et sueur pour assurer le bien-être des citoyens sans pouvoir le faire. Ils sont comme ça, ils ne savent que critiquer. De toute façon, j'étais comme eux quand je n'y étais pas»? N'est-il pas vrai que le chemin le plus court pour tester son honnêteté, auprès du peuple d'en bas, est de se présenter aux élections, le visage et les mains nus ?!