Les Emirats Arabes Unis viennent de reconnaître l'Etat d'Israël. Par un euphémisme délibéré et orienté à escient on parle d'un acte de normalisation alors qu'il s'agit d'une reconnaissance politique en bonne et due forme. L'interprétation prêtée à cette notion de normalisation couvre en effet un état de fait déjà établi.

Dans la réalité, plusieurs pays arabes des plus importants avaient déjà tissé des liens souterrains avec l'Etat sioniste jusqu'à brader leur souveraineté et leur déculottage évident n'a pu se cacher derrière quelques remontrances générales faites du bout des lèvres. Les Palestiniens eux-mêmes, affaiblis par l'ambivalence hypocrite de plusieurs entités arabes, s'étaient pliés à l'implacable pression des Israéliens et leurs grands alliés. La Ligue arabe, organisation de pacotille, s'est en permanence manifestée en club de petites parades éloignées des décisions qui se prenaient ailleurs.

Il ne servira à rien par conséquent que le monde arabe revienne sur des offuscations à la surface d'un éparpillement de la majorité des gouvernements plus préoccupés par leurs agrippements à leurs trônes et à leurs intérêts personnels.

La justice et la morale internationale ne relèvent plus que de l'utopie et ce sont de plus en plus la force et la violence qui imposent le dernier mot certifiant que les déclarations de principe et les résolutions des organisations internationales ne sont que des partitions pour chansons.

Celles-ci ne deviennent armes efficaces que quand elles obéissent aux intérêts des puissants.

Il est certain que d'autres pays arabes vont suivre l'itinéraire tracé, non pas par les plus circonspects et les plus forts mais par ceux qui ont préféré s'éterniser dans la culture de la poésie et de l'ignominie.

Les princes émiratis affirment troquer leur reconnaissance de l'Etat d'Israël contre l'arrêt du déploiement des colonies israélites. On sait de quoi tiennent les trocs de ce genre et à quoi ils répondent. Celui-ci vient certifier en premier lieu la division de plus en plus affirmée des Arabes.