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Abdelaziz Ziari: «La Constitution actuelle est très déséquilibrée»

par Z. Mehdaoui

L'ancien président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, a affirmé hier que la Constitution actuelle est très «déséquilibrée». «Il y a des éléments importants à changer aujourd'hui, notamment la Constitution qui est très déséquilibrée», a-t-il déclaré sur les ondes de la radio chaîne 3.

Militant du FLN depuis 1967, Ziari, qui a occupé de nombreux postes ministériels depuis l'indépendance, dira que la nouvelle loi fondamentale doit désormais prendre en compte la relation entre les différents pouvoirs. Ziari dira que le peuple a exprimé son choix, à travers le Hirak, pour dire «basta» aux anciennes pratiques.

L'invité de la rédaction de la chaîne 3 note toutefois que la contestation populaire n'a pas à s'exprimer dans la rue, en précisant que cela pourrait être le cas lorsque « tous les espaces d'expression intermédiaires sont fermés ou ne fonctionnent pas». «La légitimité populaire ne doit pas s'exprimer dans la rue. Elle doit être l'exception quand tous les espaces d'expression sont fermés», soutient encore l'ancien ministre de la Santé sous Bouteflika, qui pense savoir que ce sont les élections transparentes à tous les niveaux qui sont un «élément déterminant».

Afin d'éviter les « dérives autoritaires et les hommes providentiels liés à la nature du système », que les Algériens ont eu à subir des années durant, l'intervenant propose que les attributions « des uns et des autres » soient mieux définies.

Pour ce qui est de la création d'un poste de vice-président de la République, tel que proposé dans le projet de Constitution, Ziari dit craindre qu'il ne donne lieu à une espèce de « vote successoral ». Pour lui, accorder des pouvoirs régaliens à une personne qui n'a pas été élue n'est d'aucun intérêt. Si un président, commente-t-il, n'est plus en mesure d'assumer sa mission, il n'y a qu'à organiser des élections pour élire un successeur.

Abdelaziz Ziari entretient une sorte d'amnésie volontaire pour ce qui est de la grave crise née justement de la décision de maintenir un président malade pour un 5ème mandat et pire encore des forces extraconstitutionnelles qui gouvernaient au nom du chef de l'Etat. Ziari, dont le parti a été l'architecte de toutes lois promulguées depuis l'indépendance de l'Algérie, parle de dérives causées par ces mêmes lois. Evoquant l'équilibre des pouvoirs entre le législatif et l'exécutif, il soutient qu'à partir du moment où l'on a décidé de continuer à s'en tenir à la formule du système semi-présidentiel, il n'y a donc pas lieu d'instituer une Assemblée constituante. «Si une majorité parlementaire d'un ou plusieurs partis se dégage au sein de l'APN, c'est à elle, sur proposition au président de la République, qu'échoit la décision de nommer un Premier ministre et un gouvernement doté d'attributions spécifiques et responsables devant cette institution», soutient Abdelaziz Ziari qui remet en cause aujourd'hui la nomination de sénateurs par le chef de l'Etat, arguant que le Sénat a été créé dans des conditions particulières dans les années 1990.

Questionné sur la légifération excessive par ordonnance utilisée par l'ancien président, Ziari, dont le parti avait soutenu la démarche en ce temps-là, estime aujourd'hui que c'est au nouveau Parlement, après discussion avec le chef de l'Etat, de trouver le consensus nécessaire pour aboutir à une solution acceptable par toutes les parties.