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Tlemcen: Un Ramadhan très particulier

par Khaled Boumediene

Le mois de Ramadhan est différent cette année à cause de l'épidémie de Covid-19 qui a touché toutes les villes du pays. En effet, les habitants des quartiers d'El-Medress, Bab Zir, Sid El-Yeddoun, Bab Ali, Sid El-Djebbar, R'hiba, Bab El-Djiad, Ars Didou, Bab Sidi Boumediène, R'bat, Agadir, Sidi Yacoub, Sidi Daoudi, Bab El-Aqba, Riat El-Hammar, les Jasmins, El Fakharine, El-Eubbad, Bab El-Hdid, les Cerisiers, Bel-Air, Aïn Nedjar, Kiffane, El-Qalâa, Sidi Chaker, Boudghène, Sidi-Saïd, Dahlias et les Oliviers de la ville de Tlemcen ne peuvent plus sortir en foule dans les rues après la rupture du jeûne pour se rendre à la mosquée, prendre un café ou se promener dans les rues, d'autant plus que les forces de l'ordre veillent strictement à l'application des mesures de prévention prises par les pouvoirs publics interdisant aux citoyens de s'attrouper ou de se déplacer hors de leur domicile ou sur la voie publique entre 17 heures et 7 heures.

Ces deux premières soirées de Ramadhan, la place emblématique du 1er Novembre près de la grande mosquée du centre-ville, traditionnellement très animée, était vide. Il faut dire que la grande ferveur festive et spirituelle vécue d'habitude par les habitants a disparu. Les rencontres et longues soirées ramadhanesques organisées avant entre familles ne sauraient se partager, cette fois.

Cependant, les habitants confinés dans leurs demeures ont réinventé une autre manière de vivre cette fois-ci le mois sacré. «C'est un Ramadhan pour le moins particulier, car ce virus a changé la vie de chacun et le quotidien. Tout le monde est chez soi ! Personne ne veut prendre le risque soit pour aller rendre visite à ses proches soit pour se réunir avec eux autour de la table.

Avant c'était possible, ma femme et mes enfants, nous nous réunissions tous les week-ends chez ma mère et on rompait le jeûne ensemble mais cette fois, naturellement, il n'en sera pas question.

D'ailleurs, la grande majorité des citoyens sont très sensibles au danger de ce virus, et ils sont convaincus que rester chez soi est un moyen de contrer sa propagation», explique Noureddine, sexagénaire, en plein achat de fruits et légumes chez un marchand de Tlemcen.

Par ailleurs, à défaut d'effectuer physiquement les prières de Tarawih derrière un imam dans une mosquée, de nombreux habitants ont su s'organiser pour se recentrer et prier en famille à la maison. L'épidémie de Covid-19 a certes changé la façon dont se déroule le Ramadhan, mais certainement pas l'acte de culte lui-même, comme le souligne Anouar, un père de famille de Bouhanak. «Même si la mosquée est fermée pour les prières en ces temps d'urgence sanitaire, je ne rate pas cette occasion de jeûne et de piété de tous les musulmans pour organiser des prières collectives avec mon épouse et mes enfants à la maison, après la prière d'El-Ichâa. Au lieu d'aller à la mosquée, on priera de chez nous durant ces circonstances de coronavirus. Et c'est vrai, il n'y a pas cette ambiance de groupe sentie dans une mosquée, mais, à l'exception du fait de se rendre à la mosquée, ce sera toujours le Ramadhan».

Pour sa part, un imam de Hennaya a recommandé aux citoyens de «vivre leur foi le plus normalement et de suivre les mêmes principes que le Ramadhan habituel et surtout de saisir cette occasion de culte pour ouvrir le Coran dans l'intimité de leur demeure et lire ses versets pour implorer Dieu, Le Tout-Puissant, en cette épreuve pour préserver la vie de tous les Algériens et épargner à notre pays cet ennemi commun de coronavirus».