Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tébessa: L'inquiétude de jour en jour

par Ali Chabana

La crispation se lit dans les traits des visages des gens, depuis l'intrusion létale de ce mal du siècle désigné par le coronavirus.

Une maladie très contagieuse à la propagation vertigineuse, à l'échelle de la planète toute entière, où nul n'est épargné, pauvre ou riche. Aussi, les gens deviennent irritables à l'idée d'être contaminés, anxieux dans leurs rapports au quotidien. Les statistiques rendues publiques par les organismes sanitaires officiels ne font que noircir davantage le tableau. L'on s'interroge quand tout cela finira. L'on attend avec impatience que la courbe amorce sa descente. Que de bonnes nouvelles viennent nous rassurer et nous conforter. Et puis, ces réflexes hérités d'une époque qu'on croyait révolue, le syndrome de la pénurie synonyme de rupture de stocks, de dysfonctionnement des circuits d'approvisionnement des marchés.

Les chaînes de distribution se voient fortement perturbées, la frénésie de la consommation tous azimuts reprend le dessus et les gens achètent pour emmagasiner et ce, en dépit de toutes les garanties avancées par les pouvoirs publics. Quand tu entends quelqu'un t'interpeller «d'où as-tu déniché ce sac de 10 kg de semoule, ou ce bidon d'huile de table ?» Dès que les surfaces d'alimentation générale lèvent leurs rideaux, les gens s'y précipitent de peur de rater quelque chose, ou de n'arriver pas à temps pour se procurer un produit alimentaire qui, soudain, devient rare.

Pendant ce temps, certains étals de légumes et fruits ont été démantelés, même le marché couvert de la ville est resté fermé, après le passage des moyens de désinfection pour des causes d'hygiène sanitaire, au moment où d'autres étals de fortune fleurissent ailleurs.

Et puis, les fausses alertes reliées par les réseaux sociaux et alimentées par les rumeurs les plus folles ne font qu'accentuer le scénario alarmiste. La population fait dans le juste, en accomplissant le minimum de sorties et de déplacements, d'autant que les moyens de transport se font rares, ce qui fait profiter à certains fraudeurs de taxis, une aubaine pour démultiplier le prix, notamment pour les passagers des quartiers périphériques se rendant au centre-ville.

Les ruelles commerçantes de l'ancienne ville sentent le vide sidéral, quelques passants osent encore traverser la rue des Mozabites, histoire de tâter le terrain et voir où en sont les choses.

Les cafés ont fermé, l'absence des titres de la presse nationale rend le climat morose, il fut un temps, où on s'attablait chez Chaouki, pour passer en revue les grands événements de l'actualité nationale et locale, avec ce brin d'humour corrosif, les discussions battaient le plein, brusquement tout changea, quelque chose s'est produit dans notre vie.