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«KHAWA-KHAWA», une très longue pause ?

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Covid-19. Obligation de confinement. Ruptures. Sanctions : des cas de figure, ceci pour faire court et pour ne pas être obligé d'aller jusqu'en Chine, en Corée du Sud, à Singapour et en Russie, pays où ça ne «rigole» pas avec le respect des lois et règlements en cas de crise grave. Deux cas de figure proches (?!) de nous :

1/ La Norvège : la police norvégienne inflige une amende de 20.000 couronnes, soit 1.650 euros (soit 320.000 dinars au change parallèle) à une personne diagnostiquée porteuse du Covid-19 qui a rompu son isolement pour se rendre à une fête durant un week-end. Une «fièvre» du samedi soir qui coûte cher ! «L'individu s'est vu notifier une amende. Si l'amende n'est pas payée, l'individu encourt quarante jours de prison», a affirmé un responsable de la police de la région concernée. «Nous espérons que les gens comprennent la gravité de la situation dans laquelle notre pays se trouve et se conforment aux lois, règles et consignes en vigueur».

1/ La France : un homme, qui disait «s'ennuyer» durant son confinement, a fait un tour en avion au-dessus de l'Ille-et-Vilaine durant un week-end. Un vol qui lui a valu une amende de 135 euros (à peine 26.000 dinars au change parallèle). «Une patrouille a été engagée sur l'aérodrome et a attendu l'atterrissage» pour procéder à l'interpellation, a indiqué la gendarmerie du département.

A l'évidence, une grosse différence dans la sanction, le premier exemple pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement durant quarante jours.

Dans nos pays en général et en Algérie en particulier, hélas, nous penchons bien plus vers le comportement latino-franco-méditerranéen auquel il faut ajouter, sans moquerie aucune, la ruro-nomadité et un caractère «intenable».

Ainsi, on a eu, dit-on, plusieurs cas de «désobéissance sanitaire». Pas seulement de personnes tentant de fuir des lieux de confinement (mais, hélas pour eux et leur famille, ne réussissant pas à se maintenir en vie assez longtemps pour raconter leur exploit) mais aussi de personnes, jeunes ou moins jeunes qui, ne supportant ni la solitude ni la vie des autres, n'arrivent ou ne veulent respecter les règles minimales de la distanciation sociale. De l'insouciance à fleur de peau : tant dans les chaînes lors des approvisionnements, en s'agglutinant devant les commerces que lors des moments de ce qui est permis comme simple convivialité publique et parfois même en bravant le «couvre-feu». Pourquoi un tel dilettantisme ? Ils savent pertinemment qu'en matière de sanctions, cela ne va pas ou n'ira pas très loin. Il faut espérer un changement des comportements avec les dernières instructions du Premier ministre, le 29/3 (Les personnes qui refuseront de se conformer aux prescriptions de soins, de dépistage ou de confinement sanitaire dans le cadre de la lutte contre le coronavirus risquent une peine de deux (02) à six (06) mois d'emprisonnement et une amende de 20.000 DA à 100.000 DA, la personne ayant fait l'objet de réquisition mais qui s'y refuse, est condamnée à la même peine, conformément à l'article 187 bis de l'ordonnance 66-156 du 08 juin 1966 portant code pénal) et, surtout, la «colère» du chef de l'Etat exprimée clairement lors de son dernier entretien avec des journalistes.

Khawa-khawa ! Un slogan qui n'a pas, qui n'a plus à exister en ces moments-là. Mais, on dit aussi que la mesure «constituera le dernier recours lorsque les efforts de persuasion (sic !) - par exemple pour la réquisition - s'avèrent sans effet sur la personne concernée». Les certificats et les rapports médicaux de complaisance ou falsifiés vont-ils fleurir ! On ne l'espère pas.

Le danger est si mortel, l'ennemi est si invisible que la prise de conscience doit être optimale et le dilettantisme combattu. Par ailleurs, seules les actions de solidarité «homologuées» et encadrées non par des «charlatans» et des as de l'esbroufe dont certains «religieux» - habituellement absents des scènes, sauf celles des télés - mais par des associations et des organisations visibles afin d'éviter toute «exploitation» ou danger.

Un spécialiste de l'Eurasie Bruno Baçães a parlé, à propos du coronavirus, de «l'insoutenable légèreté de l'Europe» qui a tardé à prendre les mesures préventives nécessaires pour faire barrage à la pandémie. Il est vrai que presque tous (les dirigeants comme les citoyens) avaient le doigt dirigé vers la Chine, accusée, comme presque toujours, de tous les maux. Quelques pays se sont rattrapés juste à temps mais d'autres sont en train de payer très, très cher leur «légèreté» : certaines régions d'Italie, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis avec, parfois des dirigeants «dilettantes» ou prétentieux ou «illuminés» ou n'aimant ni la Chine ni tous les «autres». Même chez nous, au tout début, on a eu ce comportement à l'endroit des «autres». A cette allure-là, si la mi-temps, moyenne ou longue, n'est pas respectée, que Dieu nous garde !