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L'Algérie est-elle au bord d'une crise structurelle ?

par Kamal Guerroua

Le président Tebboune est formel et catégorique là-dessus : aucun recours à l'endettement extérieur ni à la planche à billets n'est envisageable au sommet. Mais le nouveau locataire d'El-Mouradia a-t-il une formule magique pour tenir les 54 engagements qu'il a pris devant le peuple, dans ces circonstances qui sont, pour le moins que l'on puisse dire, «critiques»? Dans un pays dépourvu d'infrastructures industrielles et agricoles viables en mesure de réaliser le saut qualitatif tant espéré vers «la diversification des exportations», la tâche de l'exécutif n'est pas des plus simples. L'heure est donc à l'expectative ! Les crises s'accumulent au moment où le peuple se réveille pour réformer la maison en désordre. En vérité, la baisse inattendue des prix du baril du pétrole a ramené le subconscient collectif vers les tristes souvenirs du début des années 1990, quand se sont conjugués à la fois les effets de l'endettement extérieur et de la pénurie, du fait du choc pétrolier de la fin des années 1980. A ce terrible scénario s'ajoute aujourd'hui l'impact négatif du virus Corona. Le comble, c'est que cette dépression économique inédite dans l'histoire est, sauf miracle, de l'ordre du structurel, c'est-à-dire une crise de nature à durer au moins une année, si ce n'est plus, pour diverses raisons ( à ce jour par exemple, aucune découverte sérieuse contre le virus n'a été prouvée, puis le bloc russo-saoudien, deux grands producteurs du pétrole, risque de taper fort pour maintenir les prix du pétrole à ce niveau : l'Arabie Saoudite qui dispose d'importantes réserves de change pour affaiblir l'Iran, son ennemi n°1 dans la crise du Golfe et du Yémen, et la Russie pour ouvrir peut-être la voie à l'exploitation du gaz du schiste). Bien évidemment, quelle que soit la durée de cette crise, c'est déjà un peu trop pour le moral des Algériens, vu le passif des déceptions qu'ils ont subi. Au milieu de toutes ces inquiétudes, se pose une autre question : que fera Tebboune pour apaiser un front populaire en quête de démocratie et qui, dans les mois à venir, risquera de radicaliser sa position et de basculer dans les revendications sociales ?