Nouveaux cas de coronavirus qui jettent de l'effroi dans les
cœurs, des femmes éplorées qui implorent le président Tebboune
d'intervenir pour récupérer des jeunes harraga
«perdus» en Méditerranée, refus des députés de l'APN de voter pour la levée de
l'immunité parlementaire de leurs camarades suspectés dans des affaires de
corruption, deux ouvriers sont morts à Alger après l'affaissement du sol dans
un chantier, mouvement citoyen toujours en ébullition, poursuite du procès dans
les affaires du montage d'automobiles et les détenus d'opinion, etc., voilà le
lot des événements qui peuplent notre actualité. Soufflant
le chaud et le froid, les autorités sont comme prises en étau entre leur
tendance à ne pas céder devant le soulèvement de la rue et le dynamisme
sociétal ambiant pour le changement. Entre-temps, quelques partis-godillots
commencent à sortir leur tête après une longue léthargie pour se débarrasser de
cette sordide épithète de »pantins « qui épatent la galerie. En somme, l'on
peut dire que la marmite algérienne est en train de ronfler sous le feu. La
majorité des Algériens se posent une question des plus légitime
: le bout du tunnel est-il encore loin ? Cette question est d'autant plus
logique qu'aucun signe palpable n'est venu leur signifier la fin de leur
calvaire. Le comble, c'est que, d'une rive à l'autre de ce long tunnel, des
voix, combien nombreuses mais malheureusement peu consensuelles se perdent dans
des batailles autres que celles pour lesquelles les Algériens se sont soulevés.
Ce qui risque de gaspiller gratuitement «l'énergie de la foule» dans des
guéguerres byzantines. Circonstance aggravante, le temps passe vite et les
choses s'accumulent et se superposent, laissant la revendication du départ se
décanter, sans pouvoir émerger d'une façon claire, vu les couches successives
d'événements qui la tassent et l'enfouissent au fond du verre. Bref, cette
hydre du «Système», comme l'appellent mes compatriotes, est en train de jouer,
paraît-il, sur le temps et rien n'est aussi crucial dans une révolution
populaire que le facteur «temps». Dans les médias officiels et les chaînes de
télévision privée, on observe presque un black-out sur les remous de la rue et
la contre-révolution est sciemment mise en marche, empruntant un circuit
psychologique retors. Tirant profit des faiblesses de la structuration du Hirak, certains, parfois par naïveté et le plus souvent par
machiavélisme, n'hésitent pas de tirer à boulets rouges sur un mouvement qu'ils
considèrent «sans utilité», après le départ de Bouteflika et son clan, en
signalant au passage le nombre de «plus en plus décroissant» des manifestants.
Mais est-ce
une raison pour être pessimiste? Non!
Le philosophe espagnol José Ortega y Gasset, parle
dans son ouvrage «La révolte des masses», concernant les cycles
révolutionnaires, d'un temps de «récupération» et d'un autre de «restauration».
Autrement dit, de ce temps où les uns et les autres (ceux contre qui la
révolution est dirigée et leur clientèle) essaient de récupérer une révolution
pour l'émasculer et l'affaiblir, soit en l'amadouant par des avantages, soit en
la démoralisant par un jeu psychologique pervers (division), et un autre, où le
mouvement révolutionnaire parvient à restaurer sa force, son unité de départ,
et vaincra à la fin !