On a le loisir de s'interroger sur la volonté présidentielle de vouloir s'attaquer avec force à la dite petite corruption. Elle n'est supposée moindre que par son ancrage définitif dans les mœurs algériennes. Au-delà de l'épidémique, devenue naturelle, elle est maintenant dermique à telle enseigne que sa propagation en a fait une loi et une règle.

A bien observer son essence et l'esprit largement propagé, la juxtaposition est évidente. La corruption qui s'est développée à coups de milliards de dinars est liée en droite ligne avec celle qui s'effectue par la petite monnaie. Car dans les mentalités il est aisé de se convaincre que si certains ont eu la facilité et l'impunité de voler des bœufs, on a la légitimité de chiper quelques œufs. Ceci explique cela et le déboulement des besoins et des comportements a ouvert la porte à une bien vilaine philosophie donnant naissance à la gymnastique de la débrouillardise devenue normale puisque le gros des activités économiques, sociales et politiques se trame dans l'informel allant jusqu'à transformer le pays en une nation informelle.

Un des principaux fondements du réveil du Hirak repose sur cette gravissime vérité et les slogans brandis en permanence dans les marches avec des a priori réduits ne voilent en aucune manière la dénonciation de ce phénomène qui désagrège une société entière.

Il est certain que les millions de citoyens algériens qui ont investi la rue n'ont rien à se reprocher et ils ont tout à reprocher même si la majorité de la population est contrainte à l'essorage des opportunités blâmables pour subsister.

Dans les vagues des griefs et des dénonciations tout y est. Au cœur de l'énorme malaise, l'indétrônable impossibilité de vivre dans la sérénité et de joindre les deux bouts, le sadisme des rémunérations et des salaires offre aux corrompus la tentation de faire leurs ablutions avec leurs urines et avec la sueur de leurs concitoyens. Et jusqu'à l'heure actuelle personne ni quiconque ne s'est dit que pour donner une plus grande consistance à tous les mouvements de colère populaire, il est primordial pour chacun d'entreprendre un Hirak sur soi-même.