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La guerre des «boutons»

par Belkacem Ahcene-Djaballah

On a eu, d'abord, une « frappe » américaine ciblant... l'Irak, qui a tué un général ... iranien, Qassem Soleimani. Il paraît que « des intérêts américains étaient menacés par des attaques imminentes » préparées par le général. Les explications changeantes de la Maison Blanche ? qui n'avait d'abord pas parlé d'ambassade, puis d'une et enfin de quatre - ont été dénoncées par le candidat démocrate Bernie Sanders, qui a participé, juste après, à un briefing du renseignement américain. « Aucun mot n'a été mentionné sur les ambassades », assure Sanders. « Le problème, c'est qu'on a un président qui est un menteur pathologique. Est-ce que ça pourrait être vrai? C'est possible. Est-ce probablement vrai? Sans doute pas ».

Plusieurs démocrates ont accusé le président américain d'avoir ordonné, lui-même, la frappe contre Soleimani pour faire office de distraction en plein «impeachment». Selon le «Wall Street journal», la procédure de destitution a bien joué un rôle, mais sur un autre aspect: «Mr Trump a dit à des proches qu'il était sous la pression de sénateurs républicains qu'il considère comme des soutiens importants pour son futur procès au Sénat». La frappe américaine a fait monter en flèche les tensions dans la région, et a été suivie d'une riposte de Téhéran contre deux bases irakiennes utilisées par l'armée américaine. Quelques heures plus tard, un avion ukrainien est abattu en plein vol par un missile iranien, peu après son décollage de l'aéroport de Téhéran. 176 morts de plusieurs nationalités dont 15 enfants et 57 Canadiens ! Sans doute des touristes et beaucoup de binationaux. « Frappé par erreur », avouent les autorités militaires après avoir tout nié au départ. Comme d'habitude, ce sont des civils innocents qui sont les victimes collatérales des affrontements militaires. On se souvient du drame de l'Airbus d'Iran Air (290 morts) que l'armée américaine avait assuré avoir abattu « par erreur », en 1988.

Paix à leurs âmes !

Cependant, on s'aperçoit, aujourd'hui, que malgré le grandissime développement technologique, c'est la saute d'humeur ou la mauvaise humeur (sur fond de calculs politiques, de plus en plus compliqués et insaisissables par «nos» esprits humains... au Qi tout juste moyen.......) chez celui qui a, à sa portée, le «bouton» fatal (lancement d'un ordre ou d'un missile ou.... d'une bombe A) qui peut faire toute la tragique différence. D'un côté, un chef d'Etat, hélas, plus fort en calculs boursiers qu'en sécurité (inter-) nationale, de l'autre un simple opérateur, un soldat ayant confondu l'avion avec un missile de croisière ennemi (et qui n'aurait eu que «10 secondes pour décider») plus «gardien de la Révolution» que «gardien de la Paix», défenseur de la nation et de ses citoyens. Il sera «traduit en justice». Mais qui rendra la vie aux victimes (civiles) de la nouvelle «guerre des boutons»?