Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Exit «Fakhamatouhou» !

par Ahcene-Djaballah Belkacem

Connaissez-vous l'histoire de «Fakhamatouhou» ? Du temps de Bouteflika, l'oublier une seule fois lorsqu'on le cite en cérémonie officielle, quelle qu'elle soit minable, petite ou grande ou lors des Jt des médias publics, c'est immanquablement subir les foudres des «censeurs de l'heure». On a même vu un, encore jeune journaliste de la TV publique, pétri de talent et promis à un bel avenir, être «débarqué» parce qu'il avait omis le précieux adjectif, lors du Jt.

Son Excellence ! Importé des Royaumes, des Sultanats, des Emirats... et d'Etats quasi-esclavagistes.

Jusqu'en 1999, ce «gros» mot n'avait jamais été exprimé ou écrit. Chez nous, seuls les ambassadeurs y avaient droit. Certes, on a bien vu une timide «tentative» lors du quinquennat Zeroual (sans qu'il le sache, je le précise !), heureusement très vite avortée. Imposée par la mentalité «diplomatique» d'un nouveau cabinard qui, arrivé au premier cercle du pouvoir, ne savait plus où finissait la normalité et où commençait l' «excellence».

A partir de 99, la démesure allait commencer : grands portraits, cadres dorés, shows populaires... Le nouveau locataire de la «Casa del Mouradia» avait même imposé un nouveau protocole calqué sur son humeur du jour... toujours pour son plus grand bon plaisir. Ainsi, les lettres de félicitations envoyées par les dirigeants étrangers devaient être publiées «in extenso». Les plus interminables et les plus intraduisibles étaient bien celles des «Excellences» orientales. Pas de synthèse, pas de résumé. Tout, c'est tout, J'ai dit ! Un véritable cauchemar... Volontairement entretenu pour planter un décor devant accueillir le «Maître des lieux» ? Cela a failli payer... certains laudateurs ayant même évoqué un nouveau «prophète» ! Les zaouiate étaient fin prêtes.... Ne manquait plus que l'intronisation ou la sanctification (en cas de décès). Heureusement, l'édification de la Grande Mosquée devant accueillir la cérémonie a connu du retard.

Pourvu que toute cette façon de faire (le «fakhamatouhisme» disparaisse à tout jamais de notre vie politique et, surtout, qu'elle ne soit pas acceptée par nos gouvernants. Monsieur Tebboune, nouveau président de la République a commencé et a demandé le bannissement du mot. Tant mieux et bravo. Mais cela ne va pas être facile à se départir de la sale habitude, tant la vermine la plus foisonnante est, hélas pour longtemps encore, celle des «brosseurs» et des opportunistes toujours à l'affût.