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DES REFUGES ET DES ETENDARDS

par Abdou BENABBOU

Peu de pays échappent à la coulée ardente trop souvent violente de la contestation politique et sociale. Les toutes premières décennies de ce 21ème siècle n'annoncent pas un proche futur serein et le volcan social mondial en amplifiant sa colère est en passe d'avouer une fin du monde certaine. C'est comme si on ne sait quelle force suprême avait décidé de presser de ses pieds une plaie de dimension planétaire pour expurger un désarroi qui n'en finit plus. Un peu comme si la terre indiquait qu'elle ne peut encore supporter une charge de plus en plus lourde.

De 2,6 milliards d'habitants en 1950, la population mondiale compte aujourd'hui près de 8 milliards. Elle sera 10 milliards en 2050. Derrière ces données avec le tournis qu'elles provoquent, on imagine l'insupportable prise en charge dans ses multiples aspects de cette fourmilière de plus en plus désemparée. Des tiraillements des plus vils aux revendications les plus légitimes, pour signifier que le mal-être se généralise. L'homme se perd et son égarement allant jusqu'à s'incruster au cœur des sociétés dites très avancées et modernes lui suggère des refuges et des étendards insensés allant des piercings les plus fous aux tatouages les plus saugrenus. Cicatrices indélébiles prises hier encore pour des insignes de contrées très arriérées. Le reste, plus lourd, plus significatif, est d'un décadentisme qui n'étonne plus.

Chacun recroquevillé dans son petit carré, les dirigeants du monde sont bien conscients de la présence aux portes de l'humanité d'un spectre pourfendeur aiguisant sa faucille pour une déchirure jamais connue jusqu'ici. Tous ou presque en regardant le ciel se focalisent à juste raison sur la couche d'ozone, grand sujet de l'heure, sans grand résultant patent, faisant semblant d'ignorer les houles mortelles qui secouent les humains. Le bonheur de tous en contrecarrant partout la famine et les guerres, le mal-être et la misère est sans doute un défi plus important que les inquiétudes nées de l'état de la biosphère.

Le monde ne veut plus et ne peut plus être comme il est mais il bute contre le refus de ceux qui guident sa destinée d'accepter de se concilier avec une règle très simple : le partage.