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Nouvelle sortie de Amar Saâdani: L'«Etat profond», le hirak et le Sahara Occidental

par M. M.

Dans un long entretien accordé au journal électronique TSA, Amar Saâdani, ancien secrétaire général du FLN et ex-président de l'APN (2004-2007), estime que «l'État profond» qui «était la locomotive du hirak», cible actuellement «l'institution militaire». «Au début, l'État profond était la locomotive du hirak et voulait atteindre l'institution militaire. (...) Ils ont commencé avec les quatre «B»». Mais leur «cible n'était ni le « B » du Parlement ni celui du gouvernement ni même Bensalah. Ils voulaient atteindre les institutions». «Avec le temps, on voit qu'ils attaquent uniquement (...) le chef d'état-major et l'institution militaire. C'est ce qui est voulu à l'étranger et par leurs relais à l'intérieur. A l'étranger, on veut changer l'orientation de l'institution militaire, ses convictions, ses achats d'armes, ses alliances». Selon Saadani, les alliés de «l'État profond» se trouveraient «parmi les avocats, les juges, la presse et des individus sur Facebook».

Pour l'ancien président de l'APN, la revendication d'un «État civil» ne doit pas se faire «au détriment de l'institution militaire ou pour porter atteinte à l'image de ses généraux et de ses officiers».

Ajoutant que «demander le départ de Gaïd Salah, c'est vouloir vider l'institution militaire de son commandement pour qu'elle devienne une proie facile».

A la question de savoir si les appels au départ de Gaïd Salah ne sont pas le résultat «de ses discours», Saadani affirme : «D'un côté, on appelle l'institution militaire à ne pas s'immiscer dans la gestion, d'un autre on lui demande de gouverner. Elle, elle dit à tout le monde ?allez aux urnes et choisissez un président'. Mais ils veulent le pouvoir sans élections. Ils veulent le prendre à travers la rue».

Saadani défend le maintien de Bedoui et de son gouvernement, estimant que si ce dernier part «le chef d'état-major n'aura plus la qualité de vice-ministre de la Défense, donc pas d'autorité sur l'armée et l'institution». «Même parmi ceux qui demandent le départ du gouvernement Bedoui, il y a deux catégories. La première craint pour les élections et veut qu'elles soient transparentes, mais la seconde cache des intentions malsaines», dit-il encore.

A propos de l'élection présidentielle, Saadani estime qu'il est «plus sensé d'aller vers les urnes, même pour élire un tiers de président». «On prendra ça comme une période qui ressemblera à une transition. Car la période de transition signifie que c'est l'armée qui gouverne et il est clair qu'entre cela et un président élu, on choisira la seconde option».

Est-il «déçu» de voir Mouloud Hamrouche, dont il souhaitait la candidature, refuser de prendre part à la présidentielle ? «Nous avons avancé son nom car nous avons estimé que c'est lui la solution. Mais comme la décision de se porter candidat ou pas lui revient à lui seul, il se pourrait qu'il ait vu des choses que nous ne pouvons pas voir et on le comprend».

Interrogé sur le «boycott» de la présidentielle par les islamistes, Saadani estime que ces derniers «rejoignent leur bourreau». «(...) Leurs dirigeants, actuels soutiennent un projet qui n'est pas le leur» ce qui va «dans le sens des intérêts de l'État profond et non pas celui de l'État nationaliste ou islamique», dit-il.

Invité à commenter la récente déclaration de 19 personnalités, dont Ahmed Taleb Ibrahimi et Ali Yahia Abdennour, l'ancien président de l'APN la qualifie de «Sant'Egidio II» qui «n'aboutira à aucun résultat car elle n'a rien apporté de nouveau».

A propos de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, Saadani estime que le texte «doit être étudié et examiné par les spécialistes et les experts, tout en remettant des copies à la presse pour que tout un chacun puisse donner son avis». «Je ne comprends pas toute cette polémique alors que la loi n'est pas encore discutée au Parlement», dit-il, considérant que «dans tout cela, il y a des pressions sur l'institution militaire».

Invité à réexprimer son «avis concernant la question du Sahara occidental», Amar Saadani affirme que «d'un point de vue historique», le Sahara «est marocain et rien d'autre», rejoignant, ainsi, les déclarations du général Khaled Nezzar faites en 2003 à un journal marocain. Pour Saadani, «la relation entre l'Algérie et le Maroc est plus grande que cette question» et que les deux pays «doivent ouvrir leurs frontières et normaliser leurs relations».