Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

FAUTE DE MIEUX

par Abdou BENABBOU

Que le premier foyer du printemps arabe ait été en Tunisie à la suite de la mort d'un jeune vendeur de poissons est à lui seul un signe significatif du drame que vit la population d'une région du monde. Que l'Algérie comme la Tunisie soient contraintes d'aller vers le choix d'un président de la République en subissant l'une le décès attendu de son chef d'Etat sénile et grabataire et l'autre le départ obligé de son homologue paraplégique, la similitude n'a rien d'étonnant. Faute de mieux, les deux pays voisins n'ont que cette tiède latitude trop aléatoire pour inscrire leurs déboires dans un contemporain qui semble leur rire au nez.

Avec du recul, les soulèvements se suivent parfois avec violence, souvent bon enfant, pour paradoxalement prouver ici et là qu'ils ne seraient que des coups d'épée dans l'eau. Ce que l'on intitule hâtivement révolutions ne sont d'abord que des prières portées par des cris de colère de populations qui n'en peuvent plus. Des alertes généralisées partout dans le monde de citoyens décontenancés n'arrivant pas à s'adapter à la cadence imposée par une humanité défigurée au milieu d'un sombre itinéraire.

Les résultats des dernières élections tunisiennes sont qualifiés de tsunami. Primaire, le qualificatif suggère de garder un œil avisé sur les prochaines élections algériennes et de survoler les dernières présidentielles américaines, françaises, brésiliennes et d'autres encore pour déceler le malaise des citoyennetés déboussolées à la recherche de nouvelles figures humaines capables de les sauver du naufrage.

Dans ce cheminement désespéré, la politique des extrêmes a un large couloir devant elle pour inciter l'histoire de l'humanité à rétropédaler. Il est étonnant parfois d'entendre des pans entiers de Tunisiens affirmer de guerre lasse qu'ils regrettaient Zine El Abidine Ben Ali ou des Algériens afficher une grande nostalgie pour Houari Boumédiène.

On ne sait plus dès lors qui du pessimisme ou de l'optimisme doit prévaloir car le souvenir du cataclysme des dernières guerres mondiales avec leurs plus de cent millions de morts est encore brûlant dans les esprits.