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Septembre, le mois des «waâda»

par Khaled Boumediene

  Les tribus des Ouled N'har ont vibré durant trois jours et deux nuits (mercredi, jeudi et vendredi) au rythme de leurs traditions. Quelque 60 groupes de fantasia, appelés aussi «El-Alfa», regroupant chacun 4 à 13 cavaliers venus de Naâma, El-Bayadh, Mécheria, Saïda, Sidi Bel-Abbès, Mascara, mais aussi des quatre coins de la wilaya, qui se sont rencontrés au mausolée du Saint Sidi-Yahia, fils de Sidi-Abderrahmane (dit Bensfia), qui repose à un jet de pierres de Sidi-Djillali (60 kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen), pour célébrer le Moussem de cette waâda sacrée, en présence d'une foule nombreuse des tribus d'Ouled Sidi Abdallah, Sidi Chadli, Torch, Sidi Mohand, Sidi-Abderrahmane, Ahmed Ben-Adallah, Tayeb, Malah, ainsi que des tribus environnantes des Ouled-Ouriache de Sebdou et Ahl-Angad d'El Gor. Le rendez-vous de ce rituel est incontournable, et comme chaque année, l'évènement tant attendu impressionne. C'est le même spectacle et pas question d'y déroger. Et ce sont les descendants de Sidi-Abdallah qui ouvrent le bal de la fête pour ne pas déroger à la recommandation du Saint Sidi Yahia. Ensuite, les courses hippiques animations folkloriques, pilotées par le comité d'organisation de la waâda de Sidi Yahia, s'enchaînent pour le plus grand plaisir des participants. Les coups de feu des cavaliers habillés de burnous qui se succèdent à un rythme effréné font sursauter à chaque fois les enfants. Des cavaliers bien positionnés sur des selles décorées et brodées attendent en ligne leur tour sur un grand terrain vaste. Ils ne s'élancent au galop que sur un ordre du chef, pour décharger ensemble leur fusil de façon à ce que le spectateur n'entende qu'une seule et même détonation avant l'arrêt des chevaux, pour un retour à la case départ. A la pause, tout le monde est convié dans des grandes kheimas installées par les familles, pour déguster un délicieux couscous avec du raisin et du lait avant de siroter du thé dans la liesse et ce, durant tout cet évènement qui réunit toutes les générations. «Ici, chacun est avant tout là pour célébrer cet évènement qui remonte à la nuit des temps! Le Moussem des Ouled N'har est toujours l'occasion de perpétuer cette ancienne tradition qu'on respecte beaucoup et pour faire un pèlerinage pendant trois jours à notre Saint Sidi Yahia. Le Moussem permet notamment de réconcilier les tribus entre-elles. Cet évènement d'envergure régionale permet également à plusieurs commerçants de différentes localités de venir exposer leurs marchandises, telles que des tapis, burnous, djellabas, etc., et de s'adonner au commerce. Le couscous, le thé et le café sont servis sans réserve aux habitants et invités. «A chaque clôture de la waâda, tous les présents procèdent à ce qu'on appelle ici un Maârouf, c'est-à-dire, ils implorent le bon Dieu pour préserver la stabilité du pays et unifier les rangs de toutes les familles algériennes», nous a expliqué Benchadli Abdelkader, dont les parents et arrières parents sont originaires de cette région réputée par l'élevage du cheval qui occupe une place primordiale dans la vie des habitants. Selon les historiens, les Ouled N'har étaient des guerriers redoutés par l'armée française durant la guerre de libération nationale. A l'instar de Béni-Snous, cette contrée, qui a opposé à l'armée française une farouche résistance compte, elle aussi, plus de 1.000 martyrs qui sont tombés au champ d'honneur. Les défunts Houari Boumediene, Larbi Ben M'hidi, Abdelhafid Boussof et Salah N'hari qui participaient aux derniers préparatifs du 1er Novembre 1954, connaissaient parfaitement cette région steppique et frontalière de l'ouest du pays. A noter que septembre est le mois où les tribus de la wilaya de Tlemcen célèbrent leur Moussem. Il y a dix jours, c'est la tribu des Béni-Ouassine qui a célébré le vénéré Sidi Mohamed Al-Ouassini, né en 1771 à Maghnia. Les waâda des tribus des Ouled Ouriache de Sebdou et Ahl N'gad d'El Gor seront quant à elles célébrées prochainement.