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Syndicat des techniciens de la maintenance d'Air Algérie: « Les conditions de travail doivent être assainies »

par Moncef Wafi

L'incident du 22 juillet, qui a vu un avion d'Air Algérie devant assurer la desserte El Oued-Paris atterrir à Constantine pour vérification, ravive les pires inquiétudes des Algériens puisqu'il est loin de constituer une exception depuis huit mois à une année.

Si le communiqué du pavillon algérien se voulait rassurant, précisant que l'atterrissage du Boeing 600 «ne s'agit pas d'un cas d'urgence mais d'un Quick Return Flight (QRF)», une expression employée en aéronautique pour désigner un avion qui doit retourner au sol pour effectuer une vérification technique, le communiqué du Syndicat national des techniciens de la maintenance des avions d'Air Algérie (SNTMA) de juin dernier, lui, évoque des problèmes plus graves de gestion qui ont une incidence directe sur le travail des mécaniciens. Le document syndical dénonçait alors la politique arbitraire et tyrannique prônée par les dirigeants actuels de l'entreprise. «Il est notoire de constater une campagne médiatique frénétique sur les problèmes techniques survenus dernièrement sur nos avions (QRG, QRF, RTO?) et cela en s'appuyant sur le mail interne que le chef de la division de la maintenance avion a envoyé aux différentes structures concernant les écarts et pannes récurrentes sur toute la flotte qui peuvent toucher à la sécurité (selon son propre écrit), en enfonçant encore plus une situation déjà dégradante, voire alarmante de toute la corporation», écrit le syndicat dans son communiqué. Tout en rappelant «la noblesse du métier de mécanicien et d'ingénieur avions, mais aussi et surtout de la sensibilité et la responsabilité concordante», la même source regrette que «le climat de tension et d'injustice instauré par l'actuel staff dirigeant depuis presque deux ans a affecté considérablement la qualité de notre travail».

Contacté, hier, par le Quotidien d'Oran, une source syndicale a réitéré les griefs retenus contre la direction de la compagnie nationale dont «des mutations aléatoires qui ne répondent à aucune logique de travail si ce n'est qu'une marginalisation programmée. Des sanctions et ponctions sur salaires, à tort et à travers sans aucune raison valable, qui confirment l'injustice démesurée de la part des managers. Des nominations aux postes de responsabilité de personnes qui ne répondent à aucun critère ni intellectuel ni relationnel. Un manque cruel des différents moyens professionnels de travail ainsi qu'une disparité salariale flagrante entre les différentes catégories socioprofessionnelles». Notre interlocuteur a surtout tenu à souligner la répétition de ces incidents, expliquant que cette situation est induite par les fortes pressions exercées sur le personnel de la maintenance. «Les conditions de travail doivent être assainies pour permettre aux employés de la maintenance de travailler en toute sérénité», affirme notre source qui rappelle qu'une directive internationale interdit au mécanicien d'inspecter l'avion s'il est soumis au stress sur son lieu de travail. «On est soumis à un stress continuel du fait des actes de gestion irréfléchis qui ont une incidence directe sur le rendement professionnel de nos mécaniciens», ajoute notre interlocuteur.