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L'autre face cachée de la saison estivale: Des enfants... vendeurs ambulants sur les plages

par J. Boukraa

Les plages ne sont pas seulement un lieu où l'on se baigne et où l'on se dore au soleil. Pour des dizaines de jeunes, c'est un lieu de travail. Beignets, galette, «mhadjeb», cigarettes, sandwichs, thé, eau minérale, jouets en passant par les objets de décoration fabriqués à base de coquillages, tout est proposé aux estivants par des dizaines d'enfants qui passent leurs vacances à travailler pour aider leur famille et gagner quelques sous pour affronter les dépenses de la rentrée scolaire.

Des milliers d'enfants sont privés de leur enfance parce que contraints d'exercer un travail mettant en péril leur santé et leur éducation. Les conditions de vie lamentables et les contraintes sociales les ont poussés, jeunes, vers le travail. Ce n'est pas uniquement en période de vacances que des enfants issus de familles pauvres travaillent, mais c'est à longueur d'année, notamment pour ceux qui ont quitté l'école prématurément. Le moins que l'on puisse dire est que ces enfants qui sacrifient les plus belles saisons de leur vie pour subvenir aux besoins de leur famille méritent respect et admiration de tout un chacun. Le phénomène du travail des enfants ne cesse de prendre de l'ampleur. Il se banalise dans la société et fait référence à tout travail ou activité qui les prive de leur enfance. En cette période de vacances, nombreux sont les enfants qui n'en profitent pas. Pire encore, ils sont plongés dan le monde du travail malgré leur jeune âge. On les trouve partout, sur les plages, au bord des routes express et autoroutes. Ils n'ont pas droit aux vacances, à la plage, à l'insouciance et pas même à l'enfance. Les enfants sont entrés dans le monde des adultes avant même de vivre leur enfance. La plupart de ces enfants sont issus de familles très démunies.

Au niveau des plages, on trouve même des fillettes qui proposent des gâteaux et des mhadjeb aux estivants. Certains enfants, scolarisés ou non, travaillent dur comme fer pour gagner quelques dinars qui couvrent des besoins vraiment élémentaires. A un âge où ils devraient être à l'école, ils se retrouvent contraints d'intégrer le monde du travail, avec tous les risques. Les estivants ne manquent pas de le remarquer, quand des enfants ou des adolescents passent devant les tentes ou les parasols pour leur proposer des mhadjeb, des beignets et même des casse-croûtes. Ces enfants se trouvent devant l'obligation de quitter l'école dès le jeune âge pour affronter un monde totalement différent et plein de dangers. Ainsi, ils subissent inexorablement la pression d'un univers nouveau dans lequel ils sont plongés sans être préparés pour cela. Le travail peut compromettre l'éducation et nuire à la santé et au développement physique, mental, spirituel, moral ou social de l'enfant. Victime de la déprédation scolaire, ces enfants qui travaillent sont partout, mais invisibles, derrière les murs des ateliers, cachés dans les plantations. Entre 7.000 et 9.000 élèves quittent les bancs de l'école chaque année. Ces chiffres sont le résultat des différentes enquêtes effectuées par les équipes de la santé scolaire. Ce phénomène, qui touchait particulièrement les élèves du secondaire, s'est élargi et concerne aussi les écoliers et les collégiens. 5% des élèves victimes de déperdition scolaire se plongent dans le monde de travail malgré leur jeune âge. Pour plusieurs familles vivant sous le seuil de la pauvreté, la préoccupation première demeure la satisfaction des besoins fondamentaux comme celui de manger à sa faim. Cette situation oblige parfois les parents ayant à leur charge plusieurs enfants, à faire travailler le plus aîné des scolarisés afin d'alléger le fardeau budgétaire. Ces enfants se trouvent devant l'obligation de quitter l'école dès le jeune âge pour affronter un monde totalement différent et plein de dangers. C'est une responsabilité bien trop lourde pour des enfants. Elle est aussi dangereuse, et pour leur santé et pour leur personne.