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La grossière manœuvre de Bensalah

par Kharroubi Habib

Bensalah dont l'investiture en tant que président de l'Etat par intérim est unanimement décriée par les Algériens et dont le départ est réclamé par eux sans discontinuité et avec une insistance qui ne désarme pas a été donné comme convaincu qu'il lui fallait à l'instar de Tayeb Belaïz donner lui aussi satisfaction à la rue en démissionnant de son poste pour permettre la mise en œuvre d'une transition qui aurait l'assentiment populaire et celui de la classe politique qui a elle aussi rejeté la transition constitutionnelle dont il a été destiné à en être la clef de voûte.

Or, non seulement Abdelkader Bensalah est toujours calfeutré dans le palais présidentiel d'El Mouradia, mais il a aussi pris l'initiative de lancer des consultations avec des personnalités censées être en symbiose avec le mouvement citoyen et ses revendications. Officiellement, ses consultations ont été présentées comme destinées à préparer une conférence nationale en vue de la désignation de la commission indépendante qui aurait à charge d'organiser la présidentielle du 4 juillet.

A l'annonce de l'initiative du controversé et rejeté président de l'Etat par intérim, la lecture qu'en ont faite les Algériens est qu'elle est révélatrice que Bensalah n'est pas en disposition de quitter le poste dans lequel il a été investi malgré leur opposition massivement exprimée. Cette lecture leur fait également déduire que Bensalah, outre de signifier ainsi qu'il n'est pas de son intention de démissionner, cherche à la fois à faire cautionner son entêtement à rester à la présidence de l'Etat par des personnalités présumées représentatives et disposant d'influence sur le mouvement citoyen et à casser celui-ci en semant dans ses rangs les germes de la discorde et des dissensions.

Les citoyens ne se sont pas mépris sur l'arrière-pensée manipulatrice de son initiative et l'on clairement fait savoir hier vendredi en redescendant à nouveau dans la rue en clamant qu'ils ne veulent ni de Bensalah, ni des personnalités qu'il consulte, ni de la transition qu'il incarne. La manœuvre de Bensalah est de ce fait vouée à l'échec car il n'y aura pas grand monde pour accepter de répondre à l'invitation à consulter faite par lui et à participer à la pseudo-conférence nationale qu'il envisage de réunir. Ceux qui oseront défier l'interdit fait par le mouvement citoyen à tout contact ou dialogue avec les tenants du pouvoir en place visés par son dégagisme signeront l'acte de leur mort politique. Au lieu de faire douter le mouvement citoyen ou de saper l'unité de ses rangs, l'initiative de Bensalah l'a conforté dans sa détermination à ne rien céder et à accentuer sa pression qui rend obsolètes les manœuvres du pouvoir.