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USM Bel-Abbès: Autopsie d'un échec programmé

par Adjal Lahouari

Cette fois, après le revers subi à Béjaïa, on peut dire que l'USMBA a perdu tout espoir de se maintenir en Ligue 1. En fait, cette issue était plus ou moins prévisible depuis plusieurs mois, à cause de la multitude de problèmes qu'a subis le club de la Mekerra depuis le coup d'envoi de la saison. En effet, aucun club, aussi solide soit-il, n'aurait pu éviter une telle mésaventure. A commencer d'abord par le manque de finances, les contraintes étant énormes en raison du recrutement qu'il fallait assurer. Or, après que la politique de formation, une tradition pourtant bien ancrée à Sidi Bel-Abbès, eut été mise au placard des souvenirs, les différents dirigeants ont cédé à la tentation la plus facile, mais aussi la plus coûteuse, avec l'enrôlement d'une multitude de joueurs à l'affût de contrats juteux. Objectivement, on ne peut reprocher la démarche de ces joueurs « itinérants », car il s'agit de leur gagne-pain. La faute se situe au niveau des dirigeants et des entraîneurs, soucieux d'obtenir des résultats immédiats pour calmer les supporters qui ont, eux aussi, leur part de responsabilité dans ce qui arrive à leur équipe, en exigeant des résultats, mettant ainsi la pression sur les joueurs, leur encadrement technique ainsi que les dirigeants, pourvu que soit satisfait leur ego. D'ailleurs, comment expliquer que l'USMBA, détentrice de la précédente édition de la Coupe d'Algérie et vainqueur de la Super coupe, se retrouve aujourd'hui dans la charrette des exclus ? Faut-il rappeler qu'à Sidi Bel-Abbès, le conflit entre les partisans du recrutement de l'extérieur et les adeptes de la promotion du produit local n'a jamais cessé ? Chaque partie avait ses propres arguments et, à titre de comparaison, on mentionnera le choix du regretté président, le docteur Abdelkader Hassani, qui a fait confiance aux joueurs locaux, tout en ciblant une ou deux individualités en provenance de Tunisie. C'est ainsi que les Hénia, Lahmar et Kherrit se sont admirablement intégrés et apporté leur précieuse contribution dans les succès qu'a connus le club durant des saisons. Il ne fallait donc pas attendre grand-chose de cette politique du recrutement à tout prix, sachant qu'un joueur de « l'extérieur » n'aura jamais la sensibilité de son coéquipier local, ceci même si une minorité d'entre ceux-là est au-dessus de tout soupçon. Beaucoup de clubs ayant adopté la même démarche que celle de l'USMBA commencent à avoir des regrets. C'est déjà un retour à la raison qu'on se doit de signaler.

Or, une équipe digne de ce nom, c'est d'abord la stabilité de l'effectif, ce qui fait défaut dans la plupart des clubs algériens. Ce point essentiel évoqué, l'USMBA a payé cash les nombreux changements au niveau de la direction avec quatre DG, chacun d'eux ayant sa propre vision de la situation, d'où les perturbations pénalisantes dans la gestion du club.

On ne manquera pas de citer le défilé des entraîneurs, tous soumis à rude épreuve, étant contraints par l'obtention des résultats immédiats, tant pour justifier leur arrivée que pour calmer les fans.  

Par ailleurs, les joueurs sont obligés de recommencer à zéro sur les plans du travail et de s'efforcer d'assimiler la conception de tout nouveau technicien, ce qui n'est guère évident étant donné la priorité à donner aux résultats.

Des chiffres révélateurs

Dans sa déclaration après la défaite subie à Béjaïa, l'entraîneur Haffaf n'a pas mâché ses mots, en mettant l'accent sur le peu d'engagement des joueurs dont certains, a-t-il souligné, « ne méritent pas de porter le maillot de l'USMBA ». Il a aussi signalé le très faible rendement de la défense et de l'attaque. On ne saurait lui donner tort, car le secteur défensif de l'USMBA est, tout simplement, le plus perméable de la Ligue 1, loin derrière de tous les pensionnaires de l'élite. Quant à l'attaque, elle n'est guère mieux lotie avec un bilan désespérant de 17 buts seulement en 23 matches, seules celles de l'ASAM et du NAHD ayant des bilans plus négatifs, mais avec une précision de taille concernant le Nasria, qui a trois rencontres en retard. Au niveau des circonstances quelque peu atténuantes, on signalera la série de blessures au niveau de l'effectif, ce qui a forcément réduit le rendement de l'équipe, tout en mentionnant que d'autres formations ont subi le même désagrément. Tout récemment, des joueurs sont entrés en conflit avec la direction, assombrissant un peu plus une situation déjà peu reluisante. Ensuite, il faut mentionner la programmation pour le moins inique de la LFP qui a obligé l'équipe de la Mekerra à effectuer trois déplacements d'affilée, ce qui est parfaitement anormal. Le président, soutenu par les joueurs, a certes brandi la menace du boycott, mais sans la mettre à exécution heureusement, car les conséquences auraient été plus graves avec la défalcation de trois points. Toujours au chapitre des circonstances atténuantes, on est en droit de s'interroger sur le projet initié il y a quelques mois ayant trait aux cartes d'abonnement, supposées assurer des rentrées conséquentes.

Ce projet est-il tombé à l'eau ? Si oui, quelles sont les raisons ? Ceci dit, il y a certainement à Sidi Bel-Abbès des sages qui diront que cette situation critique, aussi douloureuse soit-elle, n'est pas la fin du monde selon l'expression consacrée, et que l'USMBA a connu par le passé de semblables désagréments dont elle s'est toujours relevée. Le plus important, c'est de tirer les leçons de cette saison, de changer de politique afin de rebâtir sur du solide.