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Tribunal criminel d'Oran: De 10 à 20 ans pour trafic de kif

par M. Nadir

  Le tribunal criminel de première instance d'Oran a prononcé, hier, deux condamnations à 10 et 20 ans de réclusion criminelle contre deux accusés habitant à Ouargla pour trafic de près de cinq quintaux de résine de cannabis. Un troisième mis en cause, qui se trouvait sous contrôle judiciaire, a été acquitté pour absence de preuves matérielles le reliant à l'affaire. Une affaire qui remonte à novembre 2016 quand les éléments de la Gendarmerie nationale reçoivent des informations selon lesquelles des narcotrafiquants s'apprêtent à transporter une quantité de drogue depuis El Aricha, wilaya de Tlemcen, jusqu'à Ouargla, soit sur une distance avoisinant les 800 kilomètres. Les services de la gendarmerie mettent en place un dispositif à Makmen Ben Amar, à une centaine de kilomètres au sud d'El Aricha, et réussissent à interpeller A. Seïf Eddine, 33 ans, et B. Abdelbassat, 35 ans, mais ne peuvent empêcher le transporteur de la drogue, S. Bekkar, de mettre le feu à la Nissan Navara pick-up qui transportait la marchandise, et de prendre la fuite.

L'enquête déclenchée par la suite démontrera que les deux premiers sécurisaient la route alors que le troisième transportait les 470 kilos de kif. Le frère de Abdelbassat, Idriss, sera interpellé alors qu'il tentait de rendre visite à son cadet à la brigade de gendarmerie où il était détenu.

Après instruction, le magistrat inculpera A. Seïf Eddine et les frères B. pour des faits de trafic de drogue en bande organisée mais sans écrouer Driss qui sera mis sous contrôle judiciaire.

A la barre hier, seul B. Abdelbassat reconnaîtra avoir accepté de sécuriser la route contre la somme de 300.000 DA qu'il dira n'avoir cependant jamais touchée. Il impliquera A. Seïf Eddine qui, dira-t-il, était chargé de la même mission que lui. De son côté, A. Seïf Eddine tentera maladroitement de se disculper mais sans pouvoir éviter les mensonges et les contrevérités que le président d'audience relèvera

aisément. Quant à B. Driss, il jurera n'avoir aucun lien avec l'affaire et avoir été interpellé alors qu'il voulait visiter son frère en détention : «Quand je suis arrivé, on m'a appris que j'avais été incriminé par Seïf Eddine pour se venger des déclarations de

Abdelbassat». Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public mettra tous les accusés dans le même sac en affirmant qu'il est établi qu'ils font tous partie d'une bande organisée de trafic de drogue et requerra la perpétuité à leur encontre. Les avocats des frères B. demanderont les circonstances atténuantes pour Abdelbassat qui a reconnu sa participation à la sécurisation de la route et l'acquittement de Driss qu'aucune preuve ne reliait au dossier et que, d'ailleurs, le magistrat n'avait pas écroué. Quant au défenseur de A. Seïf Eddine, il aura du mal à présenter des arguments cohérents et commettra même la maladresse de demander au tribunal d'acquitter son client de tous les chefs d'accusation pour finir par réclamer les circonstances atténuantes. A l'issue des délibérations, le tribunal condamnera A. Seïf Eddine à 20 ans de réclusion criminelle, B. Abdelbassat à 10 ans de prison et acquittera B. Driss.