La France s'est, de nouveau, invitée en Algérie en commentant une
actualité qui ne la regarde pas. Enfin, si elle ne la regarde pas puisque
l'Algérie est, en théorie, un pays souverain et qu'il n'a de ce fait cure des
déclarations élyséennes. Mais voilà, et comme tout le monde le sait, l'Algérie
est toujours française malgré l'indépendance acquise en 1962. Elle est
française parce que des hommes au pouvoir, ceux de l'ombre et du clair-obscur
l'ont vendue pour des intérêts claniques et personnels. Cette mise au point
faite, il est du devoir national de répondre à Paris et de l'inviter, à son
tour, à s'occuper de ses affaires internes, de régler son Samedi et d'arrêter
de réprimer, dans le sang et la violence, un mouvement populaire légitime. La
France n'a pas à s'immiscer, par effraction, dans les affaires algéro-algériennes, n'a pas à apprécier la démocratie en
Algérie comme elle le fait pour le Venezuela où elle a salué un coup d'Etat
orchestré par Washington. La France a, de nouveau, perdu une occasion de se
taire en s'évitant ce retour de manivelle, en pleine gueule. Le peuple a
décidé, quant à lui, de balayer le passé politique et avec lui cette influence
malsaine française, dans la région. Mais l'essentiel n'est pas dans son appui à
Bouteflika, Paris a conscience que l'enjeu se concentre dans la nouvelle loi
sur les hydrocarbures et c'est pour cette raison qu'elle bénit les décisions de
rallonge du régime en place. Une loi vendue par ses plus zélés défenseurs comme
une nécessité nationale pour booster les investissements étrangers, dans le
domaine et rendre plus attractives les offres algériennes. En vérité, cette loi
conçue par les Américains n'est qu'une porte ouverte pour un bradage en règle
des ressources naturelles algériennes qui restent encore et un blanc-seing pour
une privatisation choisie et orientée. Elle est, aussi, le prélude au non
conventionnel, autrement dit le gaz de schiste, option rejetée catégoriquement
par les Algériens devant l'insistance suspecte des décideurs. Cette nouvelle
loi sur les hydrocarbures, portée en triomphe par les dirigeants de Sonatrach, est le véritable enjeu de cet intérêt occidental
à la question algérienne et ce n'est certainement pas le sort de la démocratie
qui guide leurs actions. Et comme l'a si bien expliqué une amie
révolutionnaire, « si la France se soucie réellement de nos cadavres qu'elle
cautionne ce qui est en train de se passer et qu'en échange elle ouvre ses
portes à tous les Algériens désireux de fuir le pays ».