Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le wali en visite à la daïra de Bethioua: Reconsidérer les localités rurales pour un développement territorial équilibré

par Houari Saaïdia

L'un des enseignements à tirer de cette tournée, c'est que les clichés liés aux inégalités entre les territoires sont davantage le résultat d'une mauvaise communication institutionnelle que le fait d'un développement déséquilibré. Un contact direct wali-population, qui soit sincère et surtout non conjoncturel, a plus d'effet que les PCD. Des villages anonymes tels Chouacha, Haouaoua, Ayaida, Djefafla, Ararssa, Araba et Messaissa avaient plus besoin de «reconnaissance» que d'opérations.

C'est rarissime de voir un chef d'exécutif local d'une grande ville porter la même attention à l'arrière-pays de son territoire qu'aux centres urbains. C'est trop facile de discourir et de mettre en avant le développement territorial équilibré en s'appuyant sur des chiffres et des opérations inscrites et réparties de manière homogène et équitable sur la géographie de sa collectivité. Ce n'est pas parce qu'on a bien pris le soin de réserver sa petite part du budget de wilaya à l'ensemble des localités rurales, semi-rurales et périurbaines, situées à l'arrière-plan des chefs-lieux municipaux, qu'on est forcément censé faire dans l'équilibre territorial. Il y a la réalité du terrain à laquelle nul responsable ne peut échapper. Cette réalité qui, pour s'en tenir au cas de la daïra de Bethioua, objet d'une visite effectuée jeudi 14 février par le wali, dit que les habitants des petits patelins éparpillés ça et là à travers l'arrière-pays du territoire de cette grande circonscription, composée des trois communes Bethioua, Aïn El-Bya et Mers El-Hadjadj, se sentaient jusque-là coupés du monde, vivre en marge.

LES RAISONS D'UN SENTIMENT DE VRAIE-FAUSSE MARGINALISATION

Non qu'ils soient dépourvus d'eau potable, d'électricité, de gaz, de voirie, de téléphonie par câble ou Wll, de fibre optique, d'école, de dispensaire, de transports en commun... mais parce que, débordés par le travail et pris par l'urgent et le prioritaire, leurs administrateurs n'ont plus de temps pour eux. C'est tout juste s'ils arrivent à leur faire part de leurs doléances lors des journées de réception 1/7, qui regorgent de monde et imposent un filtre passe-haut et un intervalle chronométré du passage de la salle d'attente au bureau feutré du chef de daïra, le maire ou le subdivisionnaire du secteur... Sans aller jusqu'à prétendre, loin s'en faut, que la visite du chef de wilaya Mouloud Cherifi a fait immédiatement disparaître, comme par un coup de baguette magique, cet exécrable mélange de sentiments de marginalisation, d'exclusion, de désocialisation, de non-appartenance, d'iniquité, il était tout à fait clair toutefois que les «villageois», comme ils sont nombreux et se comptent par plusieurs dizaines de milliers à travers les villages et hameaux aux toponymes assez semblables de Chouacha, Haouaoua, Ayaida, Djefafla, Ararssa, Araba et Messaissa, ont accueilli avec joie et convivialité le premier responsable de leur wilaya, dont la venue elle-même, la spontanéité et la sincérité du langage ont certes laissé une bonne impression sur eux. Dès lors, le reste, c'est-à-dire la prise en charge effective des doléances, est devenu un détail, pas plus, aux yeux des «paysans», tant le wali leur a fait montre de signes qui ne trompent pas de disposition et de disponibilité à «faire ce qu'il peut faire» pour satisfaire leurs besoins.

UNE PRISE DE CONTACT DIRECT VAUT MIEUX QUE DES PCD VIA UNE GESTION A DISTANCE

C'était là, en quelque sorte, un bel exemple et bonne preuve que le développement territorial équilibré commence d'abord par cette justice et cette équité dans la prise de contact direct avec les populations. C'est donc par des petits gestes, à condition qu'ils ne soient pas à des fins politiciennes et propagandistes, qu'on se mette sur la route du développement territorial équilibré et cohérent, lequel donne un rôle à jouer à chacune des composantes de la région au service de l'équité entre les territoires et de leur dynamisme social et économique. Il n'est plus question d'opposer urbain et rural comme deux hémisphères qui s'ignorent ou se tournent le dos. Au contraire, chacun aspire aux atouts de l'autre et c'est dans leur complémentarité que doit se créer la cohésion territoriale. A l'évidence, pour mieux maîtriser les effets du développement urbain, pour valoriser le potentiel des zones rurales et limiter les disparités entre espaces urbains et ruraux, il est nécessaire de favoriser les synergies entre zones rurales et urbaines et d'améliorer les méthodes de gouvernance à différentes échelles territoriales.

PAS DE DICHOTOMIE ENTRE URBAIN ET RURAL

Lors de sa tournée, le wali a procédé au coup d'envoi des travaux de réalisation d'une conduite AEP à Chouacha, devant assurer un approvisionnement en H24 les populations de cette agglomération secondaire relevant de la commune de Mers El-Hadjadj. Cette opération, longtemps attendue par les habitants de cette localité enclavée, assurera un approvisionnement en eau potable en H24, au lieu d'un rationnement de 1 jour sur 3 ou encore 1j/5, a assuré le chef de l'exécutif local. Ce projet, inscrit dans le plan communal de développement (PCD) au titre de l'année 2018, vise à améliorer le cadre de vie des habitants de cette localité de près de 8.000 habitants, a-t-il souligné. Le wali a instruit l'entreprise de réalisation de réduire les délais des travaux de ce projet pour le livrer avant le mois de Ramadhan, rappelant que ce projet a connu un grand retard avant l'entame des travaux, lesquels ont buté sur des obstacles liés au travaux de réalisation du réseau de gaz de ville, selon le explications fournies par les autorités locales. Le problème des aides rurales pour la réalisation d'habitations a été soulevé par des agriculteurs des zones éparses au wali qui a promis de voir les mécanismes susceptibles de répondre à leurs attentes dans le cadre des textes de loi. En ce qui concerne la prise en charge du gaz de ville dans cette localité située à 7 kilomètres de Mers El-Hadjadj, il a rassuré les populations que l'opération sera entamée après l'achèvement des travaux du réseau d'assainissement.

PLUSIEURS PROJETS PASSES EN REVUE

A Haouaoua, le wali a donné également le coup d'envoi d'une opération d'extension du réseau d'alimentation en eau potable et à Aïn El-Bya, il a eu droit à des explications sur l'achèvement en cours des travaux d'une salle omnisports de 800 places, d'extension du réseau d'alimentation en eau portable au niveau du centre de Ayaida et de réalisation de la voierie dans cette localité. Selon les explications fournies par les gestionnaires locaux, une salle de sports d'une capacité de 500 places avec piscine sera réalisée à Bethioua. Un montant de 700 millions DA a été dégagé, en deux temps, pour aider les communes à entamer les travaux d'aménagement urbain, a indiqué le wali qui a instruit la cheffe de daïra à tenir une réunion la semaine prochaine avec l'ensemble des services concernés pour voir les offres d'emploi possibles au profit des jeunes.

A Mers El-Hadjadj, il s'est enquis de l'avancement des études et travaux d'aménagement urbain d'un site de 23 hectares où des équipements sont en voie d'achèvement dont un stade de football municipal et un projet de réalisation d'une sûreté urbaine. En visitant une ancienne cave vinicole à Mers El-Hadjadj, une structure reconvertie en parc communal, le premier responsable de la wilaya a insisté sur son équipement en douches et vestiaires au profit des communaux, avant d'inaugurer un hôtel de 37 chambres, un investissement privé.