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Le débat est ailleurs

par Moncef Wafi

L'échange d'amabilités entre le président du MSP, Abderrazak Makri, et le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, renseigne sur le niveau politique actuel où l'ego surdimensionné des uns et des autres annihile toutes approches consensuelles autour d'une sortie de crise et trahit la médiocrité du débat alors que l'urgence impose que les parties présentes sur l'échiquier politique national s'élèvent au-dessus de la fange ambiante.

Censés représenter l'élite, quoi que ce terme soit assez galvaudé comme ça ces dernières années, les partis politiques ainsi que leurs leaders doivent être l'alternative au statu quo imposé par un blocus des initiatives induit particulièrement par l'état de santé problématique du président de la République.

Ce bras de fer entre la formation islamiste et le mouvement Mouwatana ankylose davantage la situation et creuse l'écart entre les prétendants à la parole alors que le peuple n'a mandaté ni l'un ni l'autre pour parler en son nom. D'ailleurs, le peuple n'ayant signé aucun chèque en blanc pour aucun porte-parole. Ce grand écart entre les volontés de se placer, d'exister ou de garder ses privilèges en insistant sur une prolongation indéfinie de l'actuel mandat présidentiel, faute d'autres solutions, place le pays sur un siège éjectable et sous la menace de la moindre étincelle qui pourrait mettre le feu aux poudres. Makri, Djilali, Ghoul ou les autres ne font que perpétuer cet échec des soi-disant élites, incapables d'offrir les solutions sans mettre en avant cette folie des grandeurs.

Tous les partis politiques algériens doivent se rendre compte, une bonne fois pour toutes, qu'ils ne représentent que leurs sigles et les intérêts partisans. Les leurs et surtout de ceux qui les ont placés là où ils sont.

Alors quand on entend parler Ghoul, et le reste de la clique de la majorité, de prolonger l'exercice présidentiel, Makri, et ses supporteurs, de reporter les élections mais sous conditions et Mouwatana d'aller au bout de la logique des échéances tout en sachant que les promesses d'une élection honnête seront difficiles à respecter, on se dit qu'on n'est pas sorti de l'auberge. Pire, que la porte a été scellée et les allées minées. Cette impasse, cette pauvreté dans les choix à suggérer, dans l'absence d'un débat élevé au niveau intellectuel, loin de la passion théâtrale et du populisme malsain, n'est pas fortuite. Elle est l'enfant d'une indigence politique, épouse d'un assistanat programmé pour décérébrer le débat et mener tout droit à la désaffection des idées. Aujourd'hui, et plus que jamais, l'Algérie est sérieusement menacée par l'indigence intellectuelle et la présence d'éléments hautement toxiques qui n'arrêtent pas de parler en notre nom.