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Sommet du G 20: L'irresponsabilité des riches

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Conçu pour réguler la mondialisation et diminuer les écarts entre pays riches et pauvres, le club du G 20 s'est transformé en un conseil d'administration d'une gigantesque multinationale aux intérêts voraces et contradictoires.

Paradoxe ? Présage d'un monde qui a perdu le nord ? Le Sommet du «G 20» se tient chez un de ses membres, l'Argentine, pays du Sud en situation de récession économique dont la monnaie le pesos a perdu ces derniers mois 50 % de sa valeur face au dollar. Plus étrange encore: la déclaration du précédent Sommet qui s'est tenu en juillet 2017 à Hambourg (Allemagne) engageait ces pays à une intensification de la lutte anti-terroriste, un frein à la dérégulation climatique, à la lutte contre l'évasion fiscale, notamment l'affaire des Panama-papers et le refus du protectionnisme commercial. 18 mois sont passés depuis Hambourg et le monde et sa locomotive qu'est le G 20 s'enfoncent dans une logique diamétralement opposée à ses propres engagements. Le chef de file du G 20, les Usa se sont retirés de l'accord de Paris (Conférence sur le climat), ont levé des barrières douanières contre ses propres partenaires du G 20 comme la Chine et certains pays européens... Quant à la lutte contre l'évasion fiscale, pas le moindre accord sérieux ni procès des affaires qui ont scandalisé l'opinion internationale. Ces vecteurs de coopération énumérés par le G 20 visent au plan international à une «régulation inclusive» de la mondialisation, déclarent ces vingt pays privilégiés depuis 1999 année de la fondation du G 20. Et depuis l'économie mondiale n'a jamais été aussi dérégulée, les conflits aussi intenses et violents, les plus pauvres encore plus pauvres et le fossé plus large avec les pays riches et enfin les libertés aussi menacées par les risques des nationalismes et extrémismes partout dans le monde. Ce vendredi à Buenos Aires, les chefs d'Etats du G 20 se sont congratulés, souri et écharpés sur des sujets à la marge de leur mission et objectifs. Exemple: Le prince héritier de l'Arabie Saoudite, Mohamed ben Salman a échappé à une mise au banc des accusés sur l'horrible guerre qu'il mène contre le Yémen au profit de l'affaire du journaliste Khashoggi assassiné à Istanbul. Oui, il doit répondre du crime contre le journaliste, mais aussi et surtout des enfants et femmes yéménites. Autre exemple, les coups-bas donnés dans la complexité du commerce mondial par Donald Trump et la paralysie des autres membres du G 20 surtout les pays européens. La Chine quant à elle sait se défendre. Sauf que dans cette course au profit ce sont les autres, tous les autres pays du reste du monde qui perdent le plus et ceux des plus pauvres d'entre eux s'appauvrissent davantage. Enfin sur les questions des libertés et de la démocratie dans le monde, la présence de l'Arabie saoudite dans ce club illustre toute l'absurdité et l'hypocrisie de ses objectifs affichés et la réalité du «Marché» du monde et de ses conséquences désastreuses pour tous. « Le déluge après nous», devise d'un Donald Trump, du brésilien Bolsonaro et bien d'autres n'est plus de mise: « le déluge est désormais devant nous». Les conséquences de cette mondialisation que veut réguler le G 20 partent dans tous les sens et font des centaines de millions de victimes. Comme ces millions de réfugiés qui errent à travers le monde et que le G 20 n'a retenu comme sujet dans aucune de ses rencontres. Des drames se jouent devant nos yeux et les puissants continuent de se faire des guerres par pays pauvres interposés. Puis se réunissent et parlent de paix et de prospérité pour tous. Terrible aveuglement et terrible dérive de ce monde dominé par ses puissants, ses riches, ses « G 20». A ce sujet, la Russie de Vladimir Poutine a bien compris le jeu. Intransigeant sur la souveraineté de la Russie sur la Crimée, Vladimir Poutine sait que l'Occident, américains et européens n'oseront jamais une guerre contre son pays: la Russie fait partie des puissances, surtout militaires. On gronde l'un de ses membres (du G 20) mais on ne l'attaque jamais. Donald Trump a tourné les talons à son rendez-vous avec Poutine. Et encore, le président américain nous a habitués à des volte-faces sur des questions plus importantes que celle d'une « pause-café» avec un homologue, fût-il Vladimir Poutine. Cette énième rencontre du club des 20 finira comme les précédentes: pleine de promesses, de bonnes intentions... des promesses seulement. Des lendemains incertains pèsent sur notre monde.