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Constantine - Plaidoyer pour un soutien à l'exportation

par A. Mallem

Intervenant jeudi dernier à la journée d'étude et d'information sur la promotion des exportations hors hydrocarbures, M. Nasri Ali Bey, président de l'association nationale des exportateurs algériens, a parlé longuement de la situation des exportations, surtout des difficultés des exportateurs algériens et des investisseurs.

A la fin, il tenu un point de presse pour répondre aux questions des journalistes. Pour ce qu'il y a de nouveau dans ce domaine, le conférencier a annoncé que, pour la première fois, une stratégie de l'exportation est en train de se mettre en place en Algérie.

«C'est très important, a affirmé M. Nasri, car nous avons besoin d'une vision et maintenant le gouvernement va avoir un document qui reprend toutes les contraintes et les conditions de développement des exportations».

Il citera aussi les produits qui commencent à être exportés dès cette année : le ciment pour 12 millions de dollars durant les 8 premiers mois de l'année, l'acier exporté par Sider pour à peu près 12 millions de dollars, les câbles électriques, etc. «Bref, dira-t-il, l'Etat a pris conscience qu'il faut mettre des facilitations. Il y a également un groupe de travail au niveau du ministère des Travaux publics et des Transports qui a été chargé de la mise en place d'un guichet unique portuaire. Cela aussi est très important car pour la première fois nous allons nous adresser à un seul guichet et l'exportateur n'aura pas de problème à ce sujet. Il faut savoir aussi que les douanes algériennes ont grandement facilité l'opération d'exportation».

Pour la diversification des exportations, le président de l'ANEXAL pense qu'elle doit passer par une plus grande facilité dans l'investissement, notamment dans les 12 wilayas frontalières. «Nous avons fait la proposition au gouvernement, a-t-il souligné. Il faut que l'Etat mette au niveau de ces zones frontalières des zones industrielles viabilisées et il faut les donner au dinar symbolique, surtout dans les zones frontalières du Sud. Parce que dans ces zones, croit-il, l'investisseur algérien hésitera à prendre des risques à cause de l'éloignement, de l'absence de la ressource humine, etc. Il y a des difficultés aussi au niveau de la frontière avec le Niger et nous avons beaucoup de demandes d'ouverture des frontières, notamment avec le Niger, le Nigéria, le Tchad. Malheureusement, la frontière est fermée actuellement et n'est ouverte que pour le troc».

Revenant à l'organisation du domaine de l'exportation, M. Nasri a plaidé pour la coordination des efforts entre tous les ministères qui interviennent dans l'acte d'exporter. «Il faut se mettre en ordre de bataille», a-t-il dit en souhaitant que le conseil de la monnaie et du crédit se penche sur la réglementation des changes, «parce qu'elle est draconienne pour nous», a-t-il estimé en considérant qu'il n'est pas normal d'exporter des produits sans qu'on puisse ouvrir un «show room» à l'étranger. «On ne peut pas exporter nos produits sans être présents nous-mêmes sur le marché international pour assurer le service après-vente, développer le réseau clientèle et défendre nos marques». Il a renouvelé l'appel au Premier ministre disant qu'il faut absolument laisser les exportateurs transférer à partir du compte exportateur. Et de demander dans la foulée la révision de l'ordonnance 96/22 relative la répression de l'infraction à la réglementation des changes.

Le conférencier a indiqué qu'il y a aujourd'hui quelque 700 entreprises exportatrices, mais seulement une dizaine qui réalisent à peu près 88% du chiffre d'affaires à l'exportation. Et à leur tête il y a, bien sûr, la Sonatrach. «Les hydrocarbures et les produits dérivés directement ou indirectement des hydrocarbures rapportent chaque année 80% de l'ensemble des rentrées en devises de l'Algérie», dira-t-il. Parlant de l'investissement, l'orateur a déclaré que l'acte d'investir doit être gratuit et rapide. Il n'est pas normal d'attendre la délivrance de l'autorisation de construire pour investir, souligna-t-il, et, au Sud, il faut donner les terres gratuitement.

A une question sur l'agriculture, il répondra qu'il faut construire une agriculture exportatrice, en commençant par attirer l'investissement étranger dont l'expertise, le savoir-faire, l'expertise technique nous sont indispensables. Il réitérera sa demande de donner des terres dans les wilayas du Sud où il y a de la terre et terminera en disant que, dans ce domaine de l'agriculture, il faut qu'on fasse preuve d'initiatives courageuses et de dynamisme. Enfin, conclura M. Nasri à ce sujet, il est important de développer, dans l'agriculture, des plates-formes logistiques. «On ne peut pas exporter si on n'a pas les qualités, si on n'est pas aux normes», a-t-il dit.