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Personnel de maintenance d'Air Algérie: «Nous vivons une grande injustice»

par Yazd Alilat

La décision du syndicat du personnel de la maintenance des avions d'Air Algérie d'observer un débrayage illimité à partir du 31 juillet prochain, si elle n'a pour le moment pas provoqué de réaction de la direction générale, a cependant fait réagir le ministre des Transports, qui a mis en garde contre «la détérioration de l'image de marque du pays».

Abdelghani Zaâlane, ministre des Travaux publics et des Transports a estimé hier lundi que la grève annoncée par le Syndicat national des techniciens de la maintenance des avions (SNTMA) est de nature «à porter atteinte à l'image du pays en pareille saison estivale». Il a ajouté que la compagnie aérienne nationale est actuellement en «discussion avec tous les syndicats pour parvenir à une solution qui puisse satisfaire toutes les parties.» Le ministre des Transports a appelé les techniciens d'Air Algérie à «suspendre leur mouvement de grève», et les a assurés qu'ils «percevront leurs dus dès que la situation le permettra». C'est le 9 juillet dernier que le Sntma, un des trois syndicats du pavillon Air Algérie, a déposé un préavis de grève à partir du 31 juillet prochain, à l'appui de revendications socioprofessionnelles. Un préavis de grève nationale déposé le même jour au niveau de la direction générale et de l'inspection du travail de la wilaya d'Alger. Au devant des revendications du Sntma, l'application de la Convention collective, notamment le chapitre ayant trait à la hiérarchisation des métiers et des salaires, ainsi que la confirmation du personnel en CDD, des ingénieurs et techniciens.

Dans sa réaction aux déclarations du ministre des Transports, notamment sur «l'atteinte à l'image du pays'', le SG du Sntma, Ahmed Boutoumi, s'est interrogé, dans une déclaration au Le Quotidien d'Oran sur «qu'est-ce que l'image de marque du pays a à voir avec notre grève ?» «Nos revendications sont légitimes et notre droit à la grève est garanti par la législation du travail et la Constitution», a-t-il répondu au ministre, avant de s'interroger : «pourquoi les grévistes d'Air France, qui ont fait tomber leur PDG n'ont-ils pas été accusés d'attenter à l'image de leur pays ?

Il n'y a que chez nous que de pareilles échappatoires sont invoquées''. Pour M. Boutoumi, «au contraire, nous portons haut et fort le drapeau de notre pays en assurant une maintenance parfaite de notre flotte», faisant remarquer au ministre que «nos revendications sont sur la table depuis un an et demi, sans réponses de la direction générale, et notre objectif n'est pas de détruire la compagnie.

On ne fait que demander nos droits par rapport aux collègues des autres catégories de personnels de la compagnie.» Selon lui, «contrairement aux autres catégories de personnels de la compagnie, PNC (stewards) et pilotes, nous n'avons pas été augmentés, et nous demandons le même traitement que nos collègues». «Nous vivons une grande injustice, car quand on demande nos droits, notamment une augmentation des salaires, on nous renvoie aux stages de benchmarking (https://bit.ly/2uBLqEo.»).

M. Boutoumi ajoute: «pour la prime voiture, un chef de service maintenance avions ne perçoit que 2500 DA/mois contre 7000 DA/mois pour les pilotes et le PNC (stewards)». Il ajoute que «la compagnie a recruté sans concours et avec un niveau de terminale des personnes comme stewards, et au bout de trois mois ils ont été augmentés, de sorte qu'ils perçoivent maintenant trois fois le salaire d'un ingénieur mécanicien.

Si ce n'est pas de l'injustice, c'est quoi ?»

Par ailleurs, la direction d'Air Algérie n'a pas pour le moment entamé des discussions avec le SNTMA pour trouver des solutions idoines qui satisfassent toutes les parties, alors que le programme été bat son plein, selon M. Boutoumi. Beaucoup appréhendent d'ailleurs le mouvement de grève du personnel de maintenance, même si lors de la précédente grève en octobre dernier, des avions ont été autorisés à décoller et la compagnie n'avait pas tellement changé son programme de vols. «Jusqu'à présent, nous n'avons eu aucun contact ou discussion avec la direction sur nos revendications», nous a confié le SG du SNTMA, selon lequel la direction d'Air Algérie «dit qu'elle n'a reçu aucun préavis de grève, alors que nous l'avons affiché il y a plusieurs jours». Un autre casse-tête pour Air Algérie, fragilisée par les mouvements sociaux et une gestion qui laisse beaucoup sceptique.

Déjà le 24 octobre dernier, le Sntma avait observé une grève. Dans son préavis, le syndicat avait annoncé que l'ensemble «des mécaniciens et ingénieurs de maintenance d'Air Algérie sont en arrêt de travail sur tout le territoire national, de ce fait aucun avion ne peut, d'un point de vue réglementaire, quitter le sol sans l'approbation du personnel de maintenance». Le Sntma voulait attirer l'attention des pouvoirs publics sur «l'injustice à laquelle fait face la corporation, avec notamment la violation de la convention collective, et les ségrégations en tout genre qu'elles soient professionnelles ou sociales».