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Une attaque et son onde de choc

par Kharroubi Habib

C'est en Irak que les Etats-Unis risquent d'être confrontés à de fâcheuses conséquences suite à l'attaque aérienne qui a ciblé une base de l'armée syrienne dans la province de Deir Ez-Zor dont la responsabilité a été imputée par les médias publics syriens à la coalition qu'ils dirigent. L'opération meurtrière a en effet fait des dizaines de morts parmi les combattants appartenant à un groupe paramilitaire irakien engagé aux côtés de l'armée syrienne dans la lutte contre l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique. Ce qui va probablement inciter ce groupe paramilitaire irakien à vouloir tirer vengeance de la mort de ses combattants en Irak où il est en position de force et se trouve être même aux portes du pouvoir en alliance avec d'autres composantes politiques irakiennes tout aussi hostiles que lui à la présence américaine en Irak.

C'est la crainte d'un tel développement pour eux des suites de l'attaque aérienne en question qui explique que les Etats-Unis se sont empressés de démentir leur responsabilité et surtout de suggérer la probabilité d'une piste israélienne.

Même si Israël en viendrait à endosser la paternité de l'opération pour dédouaner son protecteur américain, il n'est pas certain que la puissante milice irakienne à laquelle appartiennent les combattants tués tiendra celui-ci pour quitte de la meurtrière attaque. Que la frappe aérienne qui a été menée contre la base de l'armée syrienne ait été le fait de l'aviation américaine et de la coalition dirigée par Washington ou par celle de l'Etat sioniste, elle aura pour conséquence en Irak d'exacerber le sentiment anti-américain que les stratèges US pensent avoir fait tomber en ayant conduit une guerre qui s'est soldée par la défaite de l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique.

Ce scénario auquel les Américains vont devoir faire avec en Irak n'est pas sans être espéré par l'axe Israël-Arabie saoudite, au sens où il va contraindre leur protecteur américain non pas à accélérer le désengagement régional que s'est fixé l'imprévisible Donald Trump mais au contraire à renforcer la présence militaire américaine susceptible de précipiter l'exécution du projet de confrontation armée avec l'Iran pour lequel Tel-Aviv et Riad ont noué alliance.

Il se peut par conséquent que le Pentagone a été dans le vrai en niant que l'aviation américaine a mené la frappe contre la base syrienne et que c'est bien celle d'Israël qui en est responsable.

Cyniques et sans foi ni loi que sont les fascistes qui gouvernent l'Etat sioniste, il n'est pas à écarter qu'ils ont ordonné l'opération pour mettre devant le fait accompli Donald Trump et lui faire accepter d'ajouter du chaos au chaos dans une région où les évènements sont en train de tourner au désavantage de l'axe Tel-Aviv - Riad. Le constat est qu'en Irak il y a eu un retournement politique à la connotation franchement anti-américaine que Washington va être bien en peine pour le juguler et éviter qu'il ne se transforme en insurrection armée contre la présence américaine. La sérénité de l'exigence d'explication formulée à son endroit par les parlementaires irakiens proches du groupe paramilitaire dont des combattants ont été tués en Syrie est indicatrice que cette éventualité n'a rien d'exagérément alarmiste.