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La fausse satisfaction marocaine

par Kharroubi Habib

Les médias du Makhzen pavoisent du fait que le Conseil de sécurité dans sa résolution sur le Sahara occidental a appelé le Front Polisario à ne rien entreprendre dans la zone tampon qui viserait à remettre en cause son statut tel qu'établi par l'accord de cessez-le-feu conclu sous l'égide des Nations unies. Mais ils occultent que l'instance onusienne a également demandé aux parties en conflit, c'est-à-dire le Maroc et le Polisario, de «rejoindre sans pré-conditions et de bonne foi» la table des négociations en vue de «parvenir à une solution politique réaliste, juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental».

Pour qui sait vers quoi a tendu le grenouillage diplomatique du Maroc et de ses alliés dans les couloirs onusiens, l'évacuation par les médias du Makhzen de ce passage de la résolution du Conseil de sécurité n'a rien de surprenant. Ils ont fait l'impasse sur l'appel au retour à la table des négociations parce qu'ils savent qu'il est adressé en premier lieu au Maroc dont les préalables sont causes que le processus des négociations est suspendu et que ce retour ne se fera pas aux conditions du royaume qui sont qu'il n'accepte aucune solution au conflit autre que le statut d'autonomie dans le cadre marocain pour le Sahara occidental et que l'Algérie et non le Front Polisario soit désignée comme la partie prenante à ce conflit.

Tout le forcing combiné effectué par les machines diplomatiques marocaine et française s'est avéré vain dans la tentative de donner un autre format au processus de négociations que celui dont les rounds n'ont rien donné. Même s'il a recommandé aux Etats voisins de s'impliquer encore plus fortement dans l'aide aux parties en conflit pour la recherche d'une solution mutuellement acceptable, le Conseil de sécurité s'en est tenu à réitérer qu'il veut une reprise des négociations directes entre le Maroc et le Polisario sans donner suite à la tapageuse demande du Makhzen d'une implication de l'Algérie dans celles-ci.

Il peut paraître que globalement cette énième résolution du Conseil de sécurité ne répond pas aux attentes qui sont celles de tous ceux que l'éternisation du conflit du Sahara occidental préoccupe et interpelle. Contrairement aux précédents, pourtant, elle a signifié que les Nations unies sont déterminées à mettre fin au statu quo qui prévaut en l'absence d'une solution négociée et qu'elles ont en quelque sorte banalisé par leur immobilisme sur le dossier du Sahara occidental. Ce message onusien, il appartient maintenant à l'envoyé spécial pour le Sahara occidental, l'ex-président allemand Horst Köhler, de le traduire en acte dans sa mission qui est de faire revenir et rapidement les parties prenantes au conflit à la table des négociations. S'il a mission ardue ce n'est pas du côté du Polisario qui réaffirme en chaque circonstance sa disponibilité à revenir à la table des négociations dans les formes prescrites par les Nations unies.