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Constantine - Absence de contrôle et de suivi des constructions: Le syndicat des ingénieurs en génie civil et bâtiment tire la sonnette d'alarme

par A. Mallem

«Actuellement, la majorité des constructions, aussi bien privées que publiques, n'ont pas été soumises à un contrôle rigoureux et à un suivi méthodique et se trouvent exposées, ainsi, à un risque d'effondrement en cas de séisme.

Pourquoi ? Parce que l'ingénieur en génie civil n'a pas été impliqué dans l'étude et le suivi de ces constructions», nous a déclaré hier M. Soualmia Noureddine, ingénieur en génie civil et premier vice-président du syndicat national des ingénieurs en génie civil et bâtiment qui a été créé récemment. L'ingénieur a ajouté que la construction de milliers de logements dans le cadre du programme du président de la République a été lancée au moment où les ingénieurs en génie civil, les bureaux d'études, étaient marginalisés et les projets n'ont pas bénéficié de la réalisation et du suivi qui relèvent de la spécialité de cette catégorie d'ingénieurs, ce qui représente un danger pour la solidité et la stabilité des constructions réalisées en Algérie. «On ne doit pas réaliser des constructions seulement sécurisées, mais aussi économiques. Cela relève aussi de la spécialité de l'ingénieur en génie civil», a ajouté notre interlocuteur qui était venu à Constantine pour superviser l'élection et l'installation du bureau de wilaya de son syndicat. Selon M. Soualmia, afin de garantir la sécurité des constructions, il faut impliquer et faire participer l'ingénieur. «Il y a bien des bureaux d'études d'architecture pour la conception et l'esthétique des constructions, mais il ne peuvent pas intervenir quand il s'agit de juger de la qualité des matériaux de construction, le béton armé, par exemple, ni de la stabilité d'une construction», a souligné l'ingénieur tout en déplorant que les constructions individuelles qui se font en Algérie ne sont pas soumises au contrôle technique ni au suivi de la réalisation. Il a souhaité ainsi que l'Etat intervienne pour empêcher le constructeur d'agir tout seul et faire en sorte qu'il soit encadré par un ingénieur. «C'est là où réside le problème qu'on risque d'avoir en cas de séisme comme celui de Boumerdès où l'on avait constaté qu'il y avait plus de constructions privées qui s'étaient effondrées que des constructions publiques.

C'est pourquoi notre syndicat va demander au ministère de tutelle de proposer une loi obligeant les constructeurs privés à s'adjoindre les services d'un ingénieur en génie civil», a déclaré M. Soualmia.

Composé d'un bureau national de 11 membres, ce nouveau-né qu'est le syndicat national des ingénieurs en génie civil et bâtiment regroupe les bureaux d'études des ingénieurs agréés par la loi et placés sous l'égide du ministère de l'Habitat, est en train de s'organiser et se structurer à travers le territoire national. Samedi dernier, il a organisé au palais de la culture Malek Haddad de Constantine les élections du bureau de wilaya. M. Soualmia nous a indiqué que le nombre d'ingénieurs adhérents enregistrés actuellement au tableau du ministère concerné est de 2090 membres. Celui de la wilaya de Constantine est de 130 membres. Il a révélé aussi qu'il y a de nombreux ingénieurs qui exercent d'une façon illégale, frauduleusement, parce qu'ils ne paient ni impôts, ni sécurité sociale. «Mais nous avons soumis ce problème au ministère de l'Habitat et nous travaillons de concert avec lui pour éradiquer ce phénomène qui nuit gravement à la profession», a-t-il déclaré.