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LA TUNISIE ET LE DESARROI PARTAGE

par M. Abdou Benabbou

On savait que la Tunisie allait mal et on n'ignorait pas que la chute de Zine El-Abidine Ben Ali ne suffirait pas à apporter le bonheur pour le peuple tunisien. Un peu d'huile, une petite industrie manufacturière textile tatillonne et un tourisme contrarié par la vague terroriste mondiale ne pouvaient suffire à répondre à l'attente d'une population de tout ce que lui promettait une prétendue révolution censée fracturer les portes du paradis. Des émeutes et une révolution applaudies par presque le monde entier et le peuple s'est surpris renvoyé devant l'obligation de renouer avec l'âge adulte en se rendant compte que la démocratie ne se conjuguait pas seulement au présent. Le seul acquis, si tant est qu'on puisse considérer cela comme un acquis, est cette liberté maintenant établie permettant aujourd'hui à chaque citoyen qui a faim le loisir de caillasser les policiers et de s'initier à l'art des mégaphones et des banderoles.

Il est vrai que la liberté de parler, de crier et de vociférer pour une vie meilleure n'est pas rien. C'est sans doute la plus importante manifestation d'une liberté arrachée pour exposer une vie contrariée et un mal-être généralisé. Dans le désarroi partagé, la primauté est souvent donnée à la parole mortelle de la baïonnette, intrusion bête et cynique dans le parcours des peuples par des gouvernants incultes et mal avisés.

La Tunisie serait donc un exemple pour tous les pays fragilisés par l'Histoire et par la cupidité des hommes pour indiquer que la véritable paix sociale n'est pas seulement le produit des petites alternances humaines et des croisades des vocabulaires. Elle est pour tous les peuples qui se sont gargarisés avec le dit printemps arabe le résultat d'une profonde refonte de leurs itinéraires seule capable d'extirper les causes de leur misère.