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L'Algérie parmi les pays concernés: Alerte aux laits pour bébés contaminés

par Moncef Wafi

L'Algérie fait partie des pays concernés par le rappel de laits infantiles, fabriqués par le groupe Lactalis, destinés à la France et à des marchés étrangers, en raison d'un risque de contamination par des salmonelles. En effet, Paris a annoncé, hier, un retrait massif de laits infantiles fabriqués par le groupe français alors que Lactalis avait déjà rappelé 12 références de laits infantiles fabriqués dans son usine de Craon, dans l'ouest de la France, le 2 décembre dernier. Le ministère français de l'Economie et des Finances a ainsi publié une liste de plus de 600 lots qui sont rappelés, interdits à la consommation et à l'exportation. Outre l'Algérie, le Maroc, la Grande-Bretagne, Taïwan, la Roumanie, la Grèce, le Bangladesh, la Chine, le Pérou, la Géorgie ou encore le Pakistan sont également concernés par cette décision.

A croire Michel Nalet, directeur de la communication du leader mondial des produits laitiers, interrogé par l'AFP, le rappel «concerne près de 7.000 tonnes de produits fabriqués» et potentiellement contaminés. Une quantité qualifiée d'«énormes». Pour rappel, les salmonelloses sont des intoxications alimentaires allant de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves. Elles sont potentiellement plus dangereuses pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou celles dont le système immunitaire est affaibli. Si le groupe français n'est pas en mesure de se prononcer sur ce qui a été consommé, le danger réside dans l'incapacité à rappeler les lots infectés particulièrement en Algérie. A ce propos, et contacté par le Quotidien d'Oran, Messaoud Belambri, le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo), estime qu'il y a un réel risque sanitaire. «Si le circuit ne concernait que les officines, le problème de l'information ne se poserait pas», expliquant que plusieurs canaux existent pour alerter la population via les pharmaciens à travers le ministère de la Santé, les directions de wilaya ou encore par le truchement du syndicat et retirer les lots infectés en toute sécurité. «Concernant le lait infantile, il est du ressort du ministère du Commerce et n'est pas de ce fait réservé uniquement aux officines», précise notre interlocuteur qui indique que ce volet a été abandonné par les pharmaciens pour «concurrence déloyale».

Pour le président du Snapo, le risque se trouve au niveau de la diffusion de l'information qui pourrait se perdre dans un circuit où la traçabilité du produit n'est pas toujours efficiente. «Le circuit de distribution n'étant pas toujours identifié, parfois il est difficile de rattraper les lots», souligne-t-il. Messaoud Belambri rappelle que le syndicat a toujours milité pour que la vente du lait infantile soit exclusivement réservée aux officines pharmaceutiques. Quant au contrôle du produit, il reconnaîtra que si des pays réputés pour leur compétence en la matière n'ont pu détecter les lots contaminés, il aurait été difficile pour l'Algérie de le faire. Interrogé par le Quotidien d'Oran, Me Touati, membre fondateur et conseil juridique de l'Association algérienne de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE), dira que son association a déjà partagé l'information sur sa page Facebook puisant la source de l'Association française «60 millions de consommateurs». Il reconnaîtra de prime abord le souci de traçabilité du produit qui reste l'une des problématiques du retrait des lots contaminés. Me Touati rappellera, pour la circonstance, le décret exécutif de 2012 mis en place pour un réseau d'alerte rapide à travers la diffusion de l'information à travers les médias traditionnels, sur les réseaux sociaux ou par le biais d'un affichage des directions de wilaya du commerce. En théorie, le rôle d'informer incombe aux importateurs mais dans le cas où le circuit n'est pas clairement balisé. Le produit suspect se perd dans la chaîne de distribution entre importateurs, grossistes, semi-grossistes et détaillants et sa traçabilité se perd lorsque l'un des maillons de cette chaîne n'est pas identifiable. «Lorsqu'il n'y a pas de traçabilité, tous les lots sont retirés par les directions de commerce», précise Me Touati. Pour lui, la solution réside dans la canalisation et la régulation du produit, expliquant que même si l'exclusivité de la vente du lait est accordée aux pharmaciens, on ne pourra jamais empêcher sa disponibilité sur le marché parallèle. «Le consommateur algérien est plus intéressé par le prix que la qualité du produit», dira-t-il.

Par ailleurs, le ministère français de l'Economie explique dans son communiqué que les mesures prises par le groupe depuis le 2 décembre ne sont «pas de nature à maîtriser le risque de contamination» par ces bactéries. Ce précédent rappel avait été ordonné après la contamination par des salmonelles en France de 20 bébés âgés de moins de 6 mois, qui avaient consommé ces produits. Or, cinq nouveaux cas de salmonellose ont été déclarés chez des nourrissons cette semaine en France, dont l'un avait consommé un lait de riz qui ne figurait pas parmi les produits rappelés le 2 décembre. «Par précaution, il a été décidé de procéder à un rappel plus large de l'ensemble des produits fabriqués depuis le 15 février». Le ministère a demandé aux parents, «dans la mesure du possible, de ne pas (...) utiliser» les produits concernés par les nouvelles mesures de retrait et rappel, essentiellement vendus sous les marques Milumel et Picot en France. Elle concerne une large gamme de laits premier et deuxième âge, lait-relais, poudres, avec ou sans lactose, à base de protéines de riz...