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Football - Application des lois du jeu en Algérie: L'étau doit se resserrer sur les tricheurs

par Adjal Lahouari

En Belgique, il y a belle lurette qu'un joueur de haut niveau ne peut porter le maillot de l'équipe nationale sans connaître les lois du jeu à travers un examen.

Sans se parer, pour autant, du pouvoir de législateurs, les dirigeants belges qui ont instauré cette obligation, avaient fait preuve d'intelligence et de bon sens. Car un joueur connaissant les lois du jeu est naturellement, plus compétitif que son homologue ignorant les prescriptions de ces dites lois.

La recrudescence des infractions ont contraint l'IFAB, seul organe universel à modifier les lois du jeu, à perfectionner les textes. Ses objectifs sont clairs, à savoir : « améliorer les lois et veiller à ce qu'elles soient respectées et appliquées pour que le football soit pratiqué de manière cohérente, ce qui suppose un contrôle rigoureux », comme il est mentionné sur le texte de l'histoire de l'IFAB (ex-International Board). Il est précisé, par ailleurs, que « la révision a pour objectif de faciliter l'accès et la compréhension des lois du jeu, pour tous les acteurs du football, et aussi renforcer l'uniformité en matière de compréhension d'interprétation et d'application ». Chaque assemblée annuelle débouche sur des modifications, même infimes. Parfois, ce sont des termes qui sont changés afin d'affiner, au plus près, les sanctions à appliquer aux fautes commises. Ainsi, l'étau des lois du jeu se resserre, de plus en plus, sur les joueurs fourbes et tricheurs qui tentent, et réussissent, de temps à autre, à tromper l'arbitre et ses assistants.

Simulations et contestations : les défauts du joueur algérien

Force est de préciser qu'en Algérie, la plupart des joueurs ignorent ces lois et se pénalisent eux-mêmes. C'est une anomalie qu'avaient prévu les fédérations et les ligues, dès la reprise des compétitions, en 1962 où, au verso de la licence, il était, explicitement, signalé « que le joueur s'engage à respecter les règlements », un engagement dont ils ont connaissance, avant de parapher leur licence. Or, 55 ans après, on a le regret de voir des comportements inadmissibles de la part de soi-disant joueurs professionnels grassement rémunérés qui s'acharnent à commettre des fautes dans le but évident d'en tirer profit. La phase-aller du championnat d'Algérie de Ligue 1 n'est pas terminée, et nous avons relevé de nombreuses infractions, pas toutes sanctionnées, hélas, par les directeurs de jeu. Précisons tout de suite que la tâche de ces derniers n'est guère aisée, compte tenu de l'enjeu des rencontres, de l'environnement et d'autres facteurs exogènes spécifiques au football. Sans citer les matches de vendredi ni les noms des fautifs, il est aberrant de constater que des joueurs se sont fait expulser eux-mêmes. Le premier pour jeu dangereux, qui lui valu un premier carton, le second carton pour simulation afin d'obtenir un penalty, dans la surface de réparation. Un autre joueur déjà averti pour retard abusif d'une rentrée de touche, a reçu le deuxième pour la même faute. Et pourtant ces joueurs, déjà avertis, auraient dû s'abstenir de commettre la seconde faute. Même au niveau international, la rentrée de touche est bafouée, le joueur exécutant grignotant de nombreux mètres, alors que la loi prévoit de « lancer le ballon depuis l'endroit où il est sorti du terrain ». Vendredi encore, nous avons vu un joueur, déséquilibré par une simple poussette dans le dos, s'écrouler en se tenant le visage. Ce joueur a, sans doute, oublié les caméras TV, dont un gros plan a mis à nu son astuce pour tromper l'arbitre. Quant aux blessures simulées, surtout en fin de match, elles sont légion et indiquent à quel point le « réalisme » a gangréné le sport-roi. « Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse », dit l'adage.

Kouider Benzellat avait vu juste !

Mais ceci n'honore, nullement, les auteurs de ces procédés indélicats qui gâchent le plaisir des spectateurs, ceux qui passent aux guichets et qui contribuent à l'existence du football. Pour clore cet article, quoi de mieux que citer le grand maître de l'arbitrage Benzellat Kouider. Abordé par un de nos collègues, début octobre 1975, lorsqu'il était président de la Commission d'arbitres, il a dit texto : « Les joueurs doivent apprendre les lois du jeu. 90% des éléments n'ont qu'une notion très vague des lois, et ceci est inadmissible. Si chaque joueur pouvait se munir du bréviaire de l'International Board, il est certain que la qualité de notre football s'en ressentirait positivement. Il y va de l'intérêt de ce joueur, car il pourrait utiliser ces règles à son avantage. Les lois du jeu ne sont pas sévères, elles sont conditionnées par le cours du jeu, la manière et le comportement des pratiquants ». Quarante-deux ans, plus tard, la lucidité de l'inoubliable Si Kouider Benzellat est toujours d'actualité. Espérons que les tricheurs de tous bords soient conscients qu'ils font fausse route en persistant dans leurs manières qui ne trompent personne et qu'ils facilitent la tâche des arbitres, qui est, au départ, déjà pénible et astreignante.