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Fruits et légumes: Le ministère du Commerce minimise les hausses de prix

par Yazid Alilat

  De nouveau, c'est la flambée des prix sur les marchés des fruits et légumes frais. Une envolée extraordinaire de plusieurs produits, dont la tomate, les haricots, le choux fleur et la courgette.

Invité par la radio nationale hier dimanche à donner une explication sur la hausse des prix des produits agricoles sur les marchés de détail et de gros, M. Abdelaziz Ait Abderahmane, directeur général de la régulation et des activités commerciales au ministère du Commerce, explique ces hausses fulgurantes des prix par le fait que «nous sommes hors saison» agricole. «Nous ne sommes pas en pleine saison, ce qui fait que les prix commencent à grimper de nouveau, mais pas à un seuil très élevé», a-t-il affirmé.

Sur les marchés des fruits et légumes de l'ensemble de la partie nord au moins du pays, le prix moyen de la tomate est de 170 à 200 DA/kg, les haricots rouges entre 300 et 400 DA/kg, le choux-fleur à 250 DA/kg, la courgette à 160 DA/kg en moyenne ou la laitue entre 100 et 140 DA/kg. Quant à la pomme de terre, dont la production d'arrière-saison commence à entrer sur le marché, le prix moyen oscille entre 50 DA/kg et 70 DA/kg. Ces hausses de prix sont par ailleurs corroborées par un taux d'inflation annuel de 5,9% jusqu'à août 2017, contre 4% prévus par la loi de finances 2017.

En dépit des assurances de ce responsable au ministère du Commerce, selon lequel seul le prix de la tomate a connu une hausse, presque tous les produits agricoles ont enregistré des hausses que les canaux officiels n'expliquent pas, ou vaguement. Selon donc M. Ait Abderahmane «le marché n'est pas désorganisé. Il y a la tomate qui connaît des dérégulations, la courgette et les autres légumes sont revenus à leur prix en pareille saison. «Actuellement, la tomate, après avoir connu un prix très bas, et après les pertes des transformateurs dues à une surproduction, est en hausse».

Comment alors expliquer cette hausse, malgré la surproduction ? Pour M. Aït Abdelaziz, «nous sommes en fin de campagne, après la mi-août, et après avoir été payée à 10 DA/kg. C'est un problème de l'offre de produits» ; «les capacités de stockage sont insuffisantes par rapport à la production». Pour autant, le directeur général de la régulation et des activités commerciales du ministère du Commerce ne donne pas de raisons convaincantes sur ce que prévoient ses services pour «mettre de l'ordre» dans le marché des fruits et légumes. Il a seulement indiqué que «nous sommes en train d'organiser les circuits de distribution», mais sans conviction, en dépit «d'un programme réalisé par le ministère de l'Intérieur et celui du Commerce pour la construction de nouveaux marchés de gros pour stabiliser la chaîne de la production, de la distribution et la consommation».

Selon l'Office national des statistiques (ONS), la hausse des prix des produits agricoles est montée à 7,5%, une progression induite par l'augmentation des prix des fruits (+21,6%) et surtout les légumes frais de 25,2%.

Evitant la question piège d'expliquer les vraies raisons de la surchauffe des prix au plus fort de l'arrivée sur le marché de produits agricoles très demandés, le DG de la régulation et des activités commerciales du ministère du Commerce a eu cette réponse étonnante selon laquelle «les marchés de gros actuels, une quarantaine, ne sont pas aux normes internationales, et c'est ce que nous sommes en train de faire avec la société Magro». Il a annoncé que le marché de gros de Sétif a été déjà livré, et celui d'Aïn-Defla le sera prochainement, alors que la réalisation des six autres prévus par le ministère traîne depuis 2013. Pour ce responsable du ministère du Commerce, les raisons de la surchauffe des prix sont également dues au manque de chambres froides pour stocker le surplus de production, mais il a évité de parler de spéculation à grande échelle dans le circuit de distribution des produits agricoles et, surtout, l'absence de contrôle des circuits de distribution par les agents du ministère du Commerce. La solution de la hausse des prix et de la régulation des circuits de distribution, selon M. Ait Abderahmane, viendra avec la livraison des six marchés de gros en cours de réalisation, qui «vont être réceptionnés fin 2018». Par ailleurs, il a estimé qu'une grande partie de la production agricole nationale, qu'il a quantifiée à 135.000 quintaux, «n'entre pas dans les marchés de gros. Ce qui nous amène à revenir à un circuit de distribution légal».

D'autre part, il a affirmé qu'il n' y aura pas de suppression de la subvention dans l'étape actuelle des produits de large consommation, dont le sucre et l'huile. «Pas question de remettre en cause les subventions, comme le sucre et l'huile». Il rappellera que près de neuf milliards de dinars sont dépensés par l'Etat au titre de la compensation de ces produits, «en plus des subventions à la source pour que les prix plafond ne dépassent pas ceux fixés par l'Etat».

Sur le prix de la baguette de pain, vendue à 10 DA alors que son prix réel est de 8,5 DA, il a indiqué qu'un groupe de travail a été mis en place pour «revoir les prix de la baguette de pain sur la base des prix de la farine panifiable. Nous réfléchissons pour introduire une autre farine, la farine mixée ou la semouline, qui ne peut être utilisée que pour la fabrication du pain, mais pour cela, il faut l'adhésion des boulangers», a-t-il affirmé.