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Un autre moyen de pression ?

par Moncef Wafi

Français, Française, ceci n'est pas un exercice. Evitez de vous rendre en Algérie auquel cas vous serez seul responsable du rapatriement de votre dépouille. Là-bas, la sécurité pose problème. Ceci pour caricaturer la note du ministère français des Affaires étrangères qui recommande à ses ressortissants d'éviter de se rendre en Algérie pour cause de manque de sécurité. Alors que la France a enregistré 16 attaques terroristes cette année, selon le Foreign Office britannique, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.

Si la décision est souveraine, on s'interroge néanmoins sur les raisons qui ont poussé le Quai d'Orsay à nous peindre en rouge alors qu'on a eu les faveurs de l'institut de sondage américain Gallup qui nous a classés au septième rang des pays les plus sécurisés au monde pour 2017. Les Français mettent la pression et ce n'est pas nouveau. Estimer que le risque sécuritaire en Algérie équivaut à ce qui se passe en Libye, l'Irak ou la Syrie doit appeler à une réaction ferme de la part de la diplomatie algérienne. En théorie. En pratique, on est loin de faire le poids lorsqu'on connaît les intérêts en jeu. On comprend mieux la retenue toute «diplomatique» de nos responsables.

Classer l'Algérie en zone rouge, c'est aussi porter un sacré coup de massue aux tentatives de relancer le tourisme, porte de secours d'une économie moribonde. Les Français savent où faire mal et règlent leurs comptes. Les licences d'importation ont étranglé les producteurs de la pomme des Alpes et avec le limogeage de Tebboune, parions sur un proche retour de ce fruit sur nos étals. Et sur celui de la céramique de Castellon. Ceux qui avaient applaudi l'arrivée de Macron à l'Elysée doivent certainement se poser des questions sur son amitié pour nous. Difficile de le croire encore lorsqu'on se fait attaquer sur tous les dossiers, sécuritaire, économique et celui de la mobilité des personnes. Paris fait aussi pression sur le dossier des sans-papiers, de concert avec l'Allemagne, la Belgique ou encore l'Espagne pour obliger l'Algérie à récupérer au plus vite ses indésirables. Le chantage au visa et ce classement en zone rouge ne sont que les premières balles tirées par Bruxelles pour nous contraindre à respecter nos engagements contractuels.