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Honoré, jeudi, par l'Université  «Ahmed Benbella»: Lakhdar Brahimi met en garde contre l'impact du conflit «sunnites-chiites» sur le Maghreb

par Mokhtaria Bensaâd

  Usant de toute son expérience, en tant qu'envoyé spécial de l'ONU et ancien chef de la diplomatie algérienne, Lakhdar Brahimi a tenu, jeudi, à mettre en garde les pays du Nord africain et particulièrement les pays du Maghreb, sur l'influence du conflit ?sunnite et chiite', les deux principaux courants religieux de l'Islam, sur cette région, affirmant que la ?fitna' est aux portes de nos frontières. Intervenant, lors de la cérémonie organisée à l'occasion de sa décoration du titre Docteur ?Honoris causa' par l'Université d'Oran 1 ?Ahmed Benbella', Lakhadr Ibrahimi n'a pas caché son inquiétude et sa peur de voir les pays, de cette région, sombrer dans les guerres et la violence si les gouvernements ne prennent pas leurs dispositions, à temps, pour faire barrage à ce danger. L'ex envoyé spécial de l'ONU est venu, à Oran, en éclaireur et messager de paix pour éviter, à cette région, une catastrophe galopante qui risque de déstabiliser les pays du Nord africain, en déclarant : « Le conflit chiite, sunnite et devenu une grande fitna. On sait comment ce conflit a commencé mais on ne sait pas quand il sera terminé. Et nous, nord africains, historiquement, nous n'avons pas un courant chiite. « Mais aujourd'hui », dira-t-il, « nous avons des chiites. Et je pense que les pays du Nord africain doivent comprendre comment et quelles sont les conséquences de l'évolution de ce courant qui a franchi notre pays. Il est certain que le Maghreb ne fait pas partie de ce conflit sunnite, chiite de façon directe. Mais le feu de la ?fitna' va nous atteindre si ce conflit n'est pas réglé à temps ». M. Lakhdar Ibrahimi estime que les intellectuels et les universitaires doivent jouer un rôle pour contrecarrer ce phénomène. Il a expliqué qu'il faut que « nos intellectuels et nos universitaires suivent ces évènements et étudient ce phénomène et attirent l'attention sur les solutions qui s'imposent. Ce conflit est une réalité, on a des sunnites et des chiites et il y a conflit, entre eux, même si, en Irak, ils se sont côtoyés et cohabités sans problème. Il y avait même des alliances de mariages entre eux. Mais, dernièrement, il y a eu des divorces entre les époux du fait que l'un était sunnite et l'autre chiite ».

Evoquant le cas de l'Algérie, il a déclaré que « peut-être qu'en Algérie, il n y a pas encore de conflits entre les deux courants mais le feu de la ?fitna' va nous atteindre si on ne prend pas conscience de cette situation et on ne s'entraide pas, avec d'autres pays, pour faire barrage à cette menace ».

Il a ajouté que « l'Asie et le Nord africain sont menacés. La vérité est que cette région est la plus déstabilisée dans le monde et la plus touchée par la violence, le terrorisme et les conflits internes et externes. C'est à cette région que nous appartenons. Et nous sommes influencés, directement, avec tout ce qui se passe de positif ou négatif, dans cette région ».

Parlant des pays du Moyens-Orient, il dira que « la Syrie est en train de se détruire, jour après jour, et son peuple est éparpillé, entre réfugiés vers l'extérieur et population en exode à l'intérieur du pays. L'Irak souffre de l'invasion américaine injuste qui a divisé le pays en des clans ethniques et religieux qui se déchirent, entre eux et menacent l'unité du pays. L'Irak souffre de l'ingérence supplémentaire d'autres pays à l'exemple de l'Iran et d'autres. La Libye est aussi touchée par une invasion d'un autre genre qui a divisé le pays en tribus et ouvert les portes à d'autres ingérences de l'Occident et des pays arabes musulmans. Toutes ces ingérences ne sont pas en faveur de la Libye, ni en faveur de notre région. Quant au Yémen, il souffre d'une guerre civile. ?El Qaida' a envahi une partie de ses terres. On lui a imposé une guerre à l'extérieur de ses frontières ».

L'ancien chef de la diplomatie algérienne s'est dit intrigué par l'expression, l'Islam est la solution, qui se répète dans la région musulmane de l'Indonésie au Maghreb, de Rabat à Jakarta ». Est-ce qu'on sait que cette expression est dite par des gens qui, eux-mêmes n'assument pas leurs actes ». Il avertit que « C'est l'expression de Deach et El Qaida qui veulent imposer leur pouvoir sur le monde entier ».