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Constantine: Benyounès prône la lutte contre le commerce informel

par A. El Abci

  C'est dans une atmosphère de grand enthousiasme, accompagné de ghaïta, bendir et baroud, que le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, a été accueilli hier à Constantine, au palais de la culture Al-Khalifa, pour animer un meeting au cours duquel il a appelé à des réformes profondes pour sortir le pays de la crise qui le ronge. L'orateur a tout de suite utilisé l'argument choc, à savoir que le pays, qui a perdu plus de 10% de ses revenus en devises, doit impérativement procéder à des changements. Mais pour opérer « les changements qui seront difficiles », notera-t-il, il faut un gouvernement fort qui ne peut être que le résultat d'un Parlement jouissant d'une grande légitimité. Et ceci, ajoute-t-il, ne peut advenir que par une « participation massive aux législatives du 4 mai prochain », tant il est vrai que seul un taux de participation élevé peut apporter la légitimité et la crédibilité nécessaire. Les réformes, dont a besoin le pays pour retrouver des rivages plus cléments, seront difficiles mais il faut les faire sans tarder, dira-t-il.

Et d'aborder la question des banques à propos desquelles il dit que jamais un pays ne s'est développé avec des banques à 100% étatiques et avec zéro banque privée, qu'il est pourtant impératif de développer. De même, poursuivra-t-il, il est vraiment inadmissible que l'Algérie, qui fait, en matière de superficie 5 fois la France et 19 fois la Tunisie, continue de souffrir du manque de foncier dédié à l'investissement. Situation qui fait que de nombreux investisseurs quittent le pays pour d'autres horizons. Et de marteler : « Le foncier ne peut pas être géré par la bureaucratie, mais doit relever des APC et des maires, qui sont plus indiqués pour cela ». Il évoquera aussi ce qu'il a qualifié de « cancer », à savoir le marché informel auquel il y a lieu de s'attaquer, à tout prix, car sa prolifération peut aller jusqu'à menacer l'existence de l'économie nationale elle-même, ou ce qu'il en reste. Critiquant les voix qui appellent à l'abstention, sous prétexte que le « match est déjà vendu » et que les jeux sont faits à l'avance, Benyounès dira : « Qu'est-ce qui nous reste si nous ne votons pas ? » « La rue, bien sûr », répond-il. Mais « nous avons déjà expérimenté cette dernière, avec son lot de terrorisme et d'instabilité et c'est ce qui se passe, sous nos yeux, en Syrie et en Libye et nous n'y reviendrons pas ».