L'affirmation
vient du N°2 de la Haute instance
indépendante de surveillance des élections. Selon M. Ibrahim Boudoukha, la campagne électorale pour chauffer ?'le bendir'' des élections législatives de mai 2017 ne se
déroule pas normalement. Non pas que l'instance qu'il co-préside ait relevé des
dépassements importants, ou qu'elle ait épinglé les partis qui n'ont pas osé
afficher les photos de leurs candidates dans la wilaya de BBA. Le fait saillant
de cette campagne électorale, pour lui, est que les discours lors des meetings
électoraux ne sont pas écoutés par les jeunes, et que ces discours longs et
prenant beaucoup de temps fatiguent les électeurs. Rien que ça ! Fallait le
dire en tant que vice-président d'une instance indépendante de surveillance des
élections installée par le président de la République. Pour M. Boudoukha donc, les partis se ?'fatiguent'' pour rien en
utilisant les vieilles méthodes pour attirer vers eux les électeurs, ou faire
la chasse aux voix. La meilleure méthode est autre : celle que l'actuelle
génération facebook connaît le plus. Quoi ? Il ne le
dit pas, sauf que pour lui, les longs discours creux et oiseux, les grandes
envolées politiques durant des heures dans des salles humides et devenues des
étuves, n'ont plus d'emprise sur les électeurs, en particulier les jeunes. Mais
les jeunes vont-ils à ces meetings électoraux, pour la plupart annulés à la
dernière minute, faute de public ? Hormis les partis riches et ayant pignon sur
rue, les autres n'ont pas beaucoup de moyens pour rassembler un grand auditoire
dans des salles de cinéma ou des salles de sports pour vanter les mérites de
leurs candidats. Mais la chose la plus vraie que le vice-président de la HIISE
ait reconnue et dite est que cette campagne électorale n'emballe personne,
hormis les partis en lice. Cette désaffection des électeurs ne date pas
d'aujourd'hui. Elle était toujours là, quoi qu'en disent les statistiques. Le
fait est qu'aujourd'hui, la transparence commence à faire son petit bonhomme de
chemin, que les officiels reconnaissent enfin que les Algériens sont
désintéressés et dégoûtés d'élections bis, qui ne changent vraiment pas le
cours de leur vie, si ce n'est en pire. Entre 2012, date des dernières
élections législatives, et 2017, tout est allé de travers, et les Algériens
sont, une nouvelle fois, plongés dans le noir d'un black-out qui les touche de
plein fouet. Tous les indicateurs de leur niveau de vie sont au rouge: non seulement les pouvoirs publics affichent une
désespérante incapacité à ramener le calme dans la spirale de la hausse des
prix des produits alimentaires, mais n'annoncent pas de lendemains d'espérance.
Depuis 2012, pour ne pas remonter plus loin dans le temps, les ?'votants'' potentiels
n'ont pas enregistré trop de changement dans la politique sociale du pays, mais
au contraire, une détérioration de leur niveau de vie avec une pension de
retraite qui se comprime chaque année comme une ?'peau de chagrin''. Hormis
l'embellie de 2014 avec les 12% de hausse, la hausse de la pension est
descendue à 2% entre 2015 et 2016 pour les ?'smicards'', et le sera
probablement pour 2017. Le gouvernement sait que la partie, pour ces élections,
se joue sur ce terrain, celui de la participation de la légion des retraités et
des ?'smicards'' encore actifs. Et cette participation, bonne ou mauvaise, va
déterminer en fait le ?'tempo'' de la prochaine élection présidentielle de
2019. Tout est calculé, dirait l'autre. Sauf que cette fois-ci, le ras-le-bol
des électeurs par rapport à une chute vertigineuse du coût de la vie, de
l'incapacité de l'Etat à moraliser la vie publique et mettre les freins dans
certains secteurs sensibles, les discours surréels des partis et leurs
candidats, complètement déconnectés de la réalité sociale de leur pays, tout
cela, donc, va impacter négativement ce scrutin. Et le vice-président de la
HIISE a, quelque part, raison de dire que la génération facebook
attend plus des candidats à ces élections législatives. Qu'ils ouvrent en fait
les yeux et se mettent en phase avec les attentes de leurs électeurs. Tout
simplement.