Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

«Task Force»: L'Etat ne doit plus interférer dans la gestion des PME

par Yazid Alilat

L'Etat ne doit plus interférer dans la gestion des entreprises, a estimé, hier, lundi, un cadre algérien, pour qui le climat des affaires en Algérie reste à développer, sinon à améliorer. Alexandre Kateb, un des membres de la ?Task Force', un groupe d'économistes mis en place pour conseiller le Premier ministre, en termes de stratégie économique, a indiqué à la radio nationale que : «les places gagnées dans le classement de la Banque mondiale sont insuffisantes, on devrait être dans la 50ème place, en termes de climat des affaires, alors qu'on est dans la 150ème place», a t-il souligné, relevant qu' «il faut réduire les délais de réalisation des projets et soutenir les investissements.» «Il faut soutenir les PME, même si le dispositif existe, avec notamment l'ANSEJ ou l'ANGEM, il faut, maintenant, passer à une nouvelle phase pour soutenir les PME, dans leur croissance», souligne t-il, avant d'affirmer qu' «il faut imaginer des formules, en association avec les banques, pour soutenir la croissance de ces PME». «Il y a un certain nombre de mécanismes qu'on peut développer avec les banques et les assurances pour que le processus soit plus fluide», explique-t-il. Pour ce membre de la ?Taske Force', «on ne peut mettre en oeuvre les réformes sectorielles sans les réformer, pour améliorer le climat des affaires», et estime qu'il faut «arrêter d'interférer dans le pouvoir des entreprises publiques, ce qu'on a dit depuis des années.»

Plus direct, il suggère à l'Etat qu' «il faut laisser les entreprises présenter des plans stratégiques et les équipes de direction mettre en place ces plans», car «il faut de la liberté dans la gestion des entreprises publiques qui doivent rendre des comptes à l'Etat dans des contrats de performance et de services publics qui doivent être rémunérés.» Alexandre Kateb, qui a évité de s'étaler sur les objectifs de la prochaine Tripartite, prévue le 6 mars prochain, à Annaba, a relevé que ce qui est évident, «c'est qu'il faut rééquilibrer la structure des différents secteurs, il faut faire en sorte que ce rééquilibrage se produise.» Pour lui, «il faut, davantage, encourager les secteurs productifs, dont l'Industrie et l'Agriculture et revenir au système coopératif dans l'Agriculture, adossé au marché», avant de relever que «si on veut, par exemple, développer les exportations, il faut développer le secteur du Transport maritime». Si l'Algérie est encore, aujourd'hui, dans une logique de dépendance, vis-à-vis des hydrocarbures, Alexandre Kateb n'en pense pas moins qu'il faut «rendre tous les secteurs attractifs pour les investisseurs, dont les énergies renouvelables.» Quant au secteur financier, il préconise une simplification «des procédures, car le marché financier dispose d'un cadre, qui est au niveau législatif et réglementaire ouvert.» Le problème existe «dans les transactions avec le reste du monde, c'est la problématique du flux des capitaux», et donc «ce qui manque, c'est qu'il faut créer une dynamique entre les banques et les épargnants ou les intermédiaires.»

En outre, pour lui, il s'agit, surtout, de «faire fonctionner le marché financier, et faire jouer, aux banques, un rôle plus actif et les inciter à s'impliquer dans les opérations d'introduction en bourse» où il y a peu d'opérateurs. Plus globalement, «il faut aujourd'hui, changer la gouvernance des grandes entreprises, publiques ou privées et ne plus laisser les entreprises aux mains de la gérance familiale», comme il faut «aujourd'hui mobiliser l'épargne privée, qui ne l'est pas assez, comme ces 40 milliards de dollars qui circulent dans le secteur informel et pas bancarisés, encourager également la finance islamique, le mobile ?banking' pour toucher des populations rurales. «Bref, il y a un certain nombre de choses à faire pour capter cette épargne qui va servir à financer les projets d'investissements», estime t-il. Quant à la ressource publique, il préconise d'en conditionner l'accès par la présentation de plans de développement, au niveau local ou régional (communes, wilayas,...).

Pour la question des subventions de l'Etat, en direction des couches défavorisées, Alexandre Kateb relève que «l'Etat doit réviser ces subventions, c'est un travail engagé, aujourd'hui, mais il y a la problématique de l'informel, c'est le coeur du problème et c'est pour cela que les réformes tardent à être mises en place». L'Etat doit mettre «en place un certain nombre de mécanismes pour contourner la contrainte de l'informel» dans la réforme du système des subventions, explique-t-il, avant de rappeler que «la bureaucratie est un frein à la croissance économique, et c'est le résultat de l'accumulation de beaucoup de choses.